Panneau d'affichage officiel pour la campagne présidentielle, quartier d'Ambanidia. Antananarivo. Bilal Tarabey / RFI
Madagascar devra choisir ce vendredi 25 octobre son prochain président parmi les 33 candidats qui sollicitent les votes des citoyens. Les 7,8 millions d’électeurs recensés iront glisser dans les urnes le fameux bulletin unique avec le nom de leur favori qu’ils auront préalablement coché dans le secret de l’isoloir.
La campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle a commencé le 24 septembre et elle a pris fin jeudi matin, à 6h00, heure locale, 24 heures avant l’ouverture des bureaux de vote, comme le veut la règle édictée par la Commission électorale. Pendant un mois, le pays a vibré, jusque dans ses coins les plus reculés, au rythme des promesses et des professions de foi, plus ou moins sincères. Les Malgaches qui se sont vite habitués aux us et coutumes de la démocratie républicaine savent que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Mais, tout de même, cette longue campagne électorale qui vient de s’achever n’a pas été totalement dénuée d’intérêt. Certes, au terme de trente jours de campagne, aucune personnalité marquante n’a émergé, mais des idées et des ambitions nouvelles pour Madagascar ont fait surface, qui, si elles n’ont pas fait oublier que le pays va mal depuis cinq ans, voire depuis sans doute plus longtemps, ont redonné confiance dans l’avenir de ce pays au potentiel illimité.
Saraha Georget Rabeharisoa et Edgar Rajafindravahy sont deux candidats parmi d'autres dont les réflexions hors du sentier battu ont suscité l’intérêt des citoyens de la Grande Ile.
Saraha Georget Rabeharisoa, la « pasionaria » verte
N’allez pas dire à Saraha Rabeharisoa, affichant le dossard électoral n°16, qu’elle fait partie des petits candidats. Vous la vexeriez ! D’autant que cette militante verte, diplômée de 3e cycle en économie (diplôme obtenu à l'université Paris-Dauphine), croit dur comme fer qu’elle sera « la nouvelle présidente de la République de Madagascar ». « Les Malgaches voteront, répète-elle à l’envi aux journalistes, pour moi, pour mon projet basé sur la terre, l’eau et l’énergie. »
« La terre, l’eau et l’énergie », c’est la devise du Parti vert Hasin’i Madagasikara que ce petit bout de femme de 43 ans a créé il y a quatre ans et dont elle est aujourd’hui la présidente. La formation s’est bâtie lentement, car il a fallu attendre que ses idées fassent leur chemin dans les esprits. C’est maintenant chose faite. Hasin’i Madagasikara est aujourd’hui connu à travers l’île, mais aussi ailleurs en Afrique où le militantisme passionné de sa fondatrice a conduit celle-ci à la vice-présidence de la FEVA (Fédération des Verts africains) en 2010.
Le Parti Vert de Saraha Rabearihosa compte, au bout de ses quatre années d’existence, 300 000 adhérents. Sa présidente mise sur ces derniers (quand elle sera présidente) pour faire passer la bonne parole qui consistera à marteler l’importance de l’économie verte pour le pays. « Sans une économie verte, en dix ans, il n’y aura plus rien à Madagascar », avertit-elle. D’où l’insistance dans son programme sur l’indépendance énergétique et la mise place d’un système hydroélectrique. Un programme loin d’être monomaniaque car en tant qu’ancienne membre du Conseil supérieur de la Transition, Saraha Rabearihosa sait que la réalisation de ses idées passe par la stabilisation politique du pays, par la garantie d’un bien-être économique minimal. C’est pourquoi les promesses de l’autosuffisance alimentaire et de la création d’entreprises et d’emplois vont main dans la main avec le respect des principes écologiques dans le programme qu’a présenté la candidate verte lors de son marathon à travers les 119 districts de son pays.
Enfin, cette mère de trois enfant, s’est fait un point d’honneur de rappeler dans ses meetings qu’elle était l’une des rares femmes sur la liste des 33 candidats de la présidentielle. Le président de la République a toujours été un homme à Madagascar. « Et vous voyez la situation où nous sommes », s’exclamait récemment l’un des caciques du mouvement Vert malgache en présentant aux journalistes étrangers le programme de sa présidente pasionaria !
Edgard Rajafindravahy : « Notre défi sera d’envoyer tous les enfants malgaches à l’école »
Difficile de faire plus candidat officiel qu’Edgard Marie Noé Razafindravahy ! Il est le
candidat à la présidentielle du TGV, le parti aux manettes à Madagascar depuis cinq ans. C’est l’homme du sérail par excellence. Issu de la communauté Merina qui traditionnellement monopolise le pouvoir à la Grande Ile, Razafindravahy est un homme d’affaires puissant, propriétaire d’une chaîne de télévision et de radio.
L'homme a surtout a été maire d’Antanananarivo, jusqu’à sa candidature à la magistrature suprême. Une position qui n’a pas trop mal réussi à ses prédécesseurs à la mairie de la Ville des mille, qui ont pour nom... Rajoelina et Ravalomanana. La mairie de la capitale est, à Madagascar comme dans d’autres pays, un formidable marchepied vers les plus hauts sommets de l’Etat. C’est sans doute ce que Razafindravahy avait en tête lorsqu'il a postulé en avril dernier pour la candidature de son parti à la présidentielle.
Mais ce ne sont certainement pas ces calculs politiciens du candidat qui ont fait affluer des foules aux meetings électoraux de Razafindravahy. Les journaux locaux ont parlé de « marée humaine », d’« affluence monstre ». Cet engouement public aurait eu, semble-t-il, quelque chose à voir avec le projet d’une société égalitaire et impartiale que Razafindravahy a inlassablement développé lors de ses meetings. Il a parlé d’école primaire universelle, de bourse d’études pour les plus démunies, de caisse nationale d’assurance maladie, d’indépendance de la justice… Des projets qui font sens dans ce pays où 92% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et que le candidat se propose de financer par la relance de l’économie. « Malgré la crise pendant l’actuelle période de transition, le taux de croissance est de 3%, a-t-il rappelé. Avec une bonne gouvernance, nous pourrons doubler cette croissance pour permettre des emprunts publics. »
Les détracteurs de Razafindravahy n’ont pas tardé à parler de « promesses en l’air », avant de rappeler son bilan peu glorieux à la tête de la mairie d’Antananarivo pendant quatre ans. Il n’en reste pas moins que l’Etat-providence est une idée neuve qui déplace les foules à Madagascar.
Source : Rfi.fr
La campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle a commencé le 24 septembre et elle a pris fin jeudi matin, à 6h00, heure locale, 24 heures avant l’ouverture des bureaux de vote, comme le veut la règle édictée par la Commission électorale. Pendant un mois, le pays a vibré, jusque dans ses coins les plus reculés, au rythme des promesses et des professions de foi, plus ou moins sincères. Les Malgaches qui se sont vite habitués aux us et coutumes de la démocratie républicaine savent que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Mais, tout de même, cette longue campagne électorale qui vient de s’achever n’a pas été totalement dénuée d’intérêt. Certes, au terme de trente jours de campagne, aucune personnalité marquante n’a émergé, mais des idées et des ambitions nouvelles pour Madagascar ont fait surface, qui, si elles n’ont pas fait oublier que le pays va mal depuis cinq ans, voire depuis sans doute plus longtemps, ont redonné confiance dans l’avenir de ce pays au potentiel illimité.
Saraha Georget Rabeharisoa et Edgar Rajafindravahy sont deux candidats parmi d'autres dont les réflexions hors du sentier battu ont suscité l’intérêt des citoyens de la Grande Ile.
Saraha Georget Rabeharisoa, la « pasionaria » verte
N’allez pas dire à Saraha Rabeharisoa, affichant le dossard électoral n°16, qu’elle fait partie des petits candidats. Vous la vexeriez ! D’autant que cette militante verte, diplômée de 3e cycle en économie (diplôme obtenu à l'université Paris-Dauphine), croit dur comme fer qu’elle sera « la nouvelle présidente de la République de Madagascar ». « Les Malgaches voteront, répète-elle à l’envi aux journalistes, pour moi, pour mon projet basé sur la terre, l’eau et l’énergie. »
« La terre, l’eau et l’énergie », c’est la devise du Parti vert Hasin’i Madagasikara que ce petit bout de femme de 43 ans a créé il y a quatre ans et dont elle est aujourd’hui la présidente. La formation s’est bâtie lentement, car il a fallu attendre que ses idées fassent leur chemin dans les esprits. C’est maintenant chose faite. Hasin’i Madagasikara est aujourd’hui connu à travers l’île, mais aussi ailleurs en Afrique où le militantisme passionné de sa fondatrice a conduit celle-ci à la vice-présidence de la FEVA (Fédération des Verts africains) en 2010.
Le Parti Vert de Saraha Rabearihosa compte, au bout de ses quatre années d’existence, 300 000 adhérents. Sa présidente mise sur ces derniers (quand elle sera présidente) pour faire passer la bonne parole qui consistera à marteler l’importance de l’économie verte pour le pays. « Sans une économie verte, en dix ans, il n’y aura plus rien à Madagascar », avertit-elle. D’où l’insistance dans son programme sur l’indépendance énergétique et la mise place d’un système hydroélectrique. Un programme loin d’être monomaniaque car en tant qu’ancienne membre du Conseil supérieur de la Transition, Saraha Rabearihosa sait que la réalisation de ses idées passe par la stabilisation politique du pays, par la garantie d’un bien-être économique minimal. C’est pourquoi les promesses de l’autosuffisance alimentaire et de la création d’entreprises et d’emplois vont main dans la main avec le respect des principes écologiques dans le programme qu’a présenté la candidate verte lors de son marathon à travers les 119 districts de son pays.
Enfin, cette mère de trois enfant, s’est fait un point d’honneur de rappeler dans ses meetings qu’elle était l’une des rares femmes sur la liste des 33 candidats de la présidentielle. Le président de la République a toujours été un homme à Madagascar. « Et vous voyez la situation où nous sommes », s’exclamait récemment l’un des caciques du mouvement Vert malgache en présentant aux journalistes étrangers le programme de sa présidente pasionaria !
Edgard Rajafindravahy : « Notre défi sera d’envoyer tous les enfants malgaches à l’école »
Difficile de faire plus candidat officiel qu’Edgard Marie Noé Razafindravahy ! Il est le
candidat à la présidentielle du TGV, le parti aux manettes à Madagascar depuis cinq ans. C’est l’homme du sérail par excellence. Issu de la communauté Merina qui traditionnellement monopolise le pouvoir à la Grande Ile, Razafindravahy est un homme d’affaires puissant, propriétaire d’une chaîne de télévision et de radio.
L'homme a surtout a été maire d’Antanananarivo, jusqu’à sa candidature à la magistrature suprême. Une position qui n’a pas trop mal réussi à ses prédécesseurs à la mairie de la Ville des mille, qui ont pour nom... Rajoelina et Ravalomanana. La mairie de la capitale est, à Madagascar comme dans d’autres pays, un formidable marchepied vers les plus hauts sommets de l’Etat. C’est sans doute ce que Razafindravahy avait en tête lorsqu'il a postulé en avril dernier pour la candidature de son parti à la présidentielle.
Mais ce ne sont certainement pas ces calculs politiciens du candidat qui ont fait affluer des foules aux meetings électoraux de Razafindravahy. Les journaux locaux ont parlé de « marée humaine », d’« affluence monstre ». Cet engouement public aurait eu, semble-t-il, quelque chose à voir avec le projet d’une société égalitaire et impartiale que Razafindravahy a inlassablement développé lors de ses meetings. Il a parlé d’école primaire universelle, de bourse d’études pour les plus démunies, de caisse nationale d’assurance maladie, d’indépendance de la justice… Des projets qui font sens dans ce pays où 92% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et que le candidat se propose de financer par la relance de l’économie. « Malgré la crise pendant l’actuelle période de transition, le taux de croissance est de 3%, a-t-il rappelé. Avec une bonne gouvernance, nous pourrons doubler cette croissance pour permettre des emprunts publics. »
Les détracteurs de Razafindravahy n’ont pas tardé à parler de « promesses en l’air », avant de rappeler son bilan peu glorieux à la tête de la mairie d’Antananarivo pendant quatre ans. Il n’en reste pas moins que l’Etat-providence est une idée neuve qui déplace les foules à Madagascar.
Source : Rfi.fr
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