C’est l’état-major français qui a annoncé, mardi depuis Paris, que des militaires français de Sangaris avaient été engagés la veille dans un violent accrochage avec un groupe de rebelles armé. Les militaires français sont alors parvenus à stopper le groupe de miliciens - fort d'une quarantaine d'hommes - juste avant qu'il n’entre dans la ville de Boguila, déjà la cible d'une attaque meurtrière, de la part de miliciens identifiés comme des Seleka, le 26 avril.
Lundi soir, ce sont les soldats du groupement tactique interarmées Dragon, qui ont été engagés. Des hommes dirigés par le colonel Damien Wallaert, joint mardi soir par RFI, alors qu’il était de retour dans son poste de commandement de Bouar, dans l'ouest de la RCA. « Nous nous sommes mis en protection au nord-ouest de la ville et quand la colonne est arrivée, l’un de nos soldats s’est mis en travers de la route. Nous avons matérialisé un barrage, pour leur indiquer de stopper, par des gestes », explique le colonel Wallaert. Ensuite, il y a eu « un tir de sommation » de la part des Français « puis, ce sont eux qui ont riposté et nous avons engagé le combat ». L’armée française a déployé d'importants moyens, y compris aériens, pour prendre le dessus. « Au moins un des deux pick-up et quasiment toutes les motos » des miliciens ont été détruits et de l’armement lourd a été récupéré. Il n’y a, pour le moment, « pas encore d’évaluation complète » du nombre de miliciens tués ou blessés lors de l’accrochage qui a duré près de trois heures.
« De fortes chances » que ce soit le groupe responsable de l'attaque de l'hôpital
Ce groupe de miliciens descendait de Bémal, dans l’extrême nord-ouest de la Centrafrique, près de la frontière avec le Tchad. Ils se dirigeaient vers Boguila, quand l’armée française les a interceptés. Le groupe armé responsable de l’attaque contre l’hôpital de Boguila, le 26 avril, s’était justement, en partie, réfugié à Bémal. Pour l’armée française, il est donc probable qu’il s’agit du même groupe. « Mon évaluation, c’est qu’il y a quand même de fortes chances pour que ce soit le même groupe. Et d’après la population, il est évident que c’est le même groupe. Le maire me l’a redit, pour lui, c’est le même groupe. Il a même dit : "Vous nous avez sauvé la vie" », rapporte le colonel Wallaert.
L’attaque menée le 26 avril dans l’hôpital de Boguila, lors de laquelle 16 personnes été tuées, dont trois membres de l'ONG Médecins sans frontières (MSF), a été attribuée à des ex-Seleka. Mais le général Mohammed Moussa Daffhane, qui se présente comme le président intérimaire de la Seleka – dont les membres de la Seleka se réunissent en congrès à partir de ce mercredi durant deux ou trois jours à Ndélé -, réfute toute implication, à la fois dans le massacre de l'hôpital et dans les derniers affrontements avec les forces françaises. « Ces éléments ne sont pas de la Seleka. La Seleka n’est pas opérationnelle dans cette zone-là. Et nous condamnons toute attaque contre les forces internationales », a-t-il déclaré au micro de RFI. « Les forces qui sont en République centrafricaine sous mandat international ne doivent pas être attaquées par les belligérants. La Seleka n’attaque pas les forces internationales », affirme-t-il. Selon le général Mohammed Moussa Daffhane, les groupes armés présents dans la zone de Boguila « ne dépendent pas du commandement de la Seleka, ils n’agissent pas sous le commandement de la Seleka. »
Il ne nie pas que ce groupe ait pu faire partie de la Seleka, mais insiste : « Du moment où ils ne répondent plus au commandement de la Seleka, la Seleka ne peut pas être incriminée. Je récuse le terme "ex-Seleka" ! » Il a également jugé qu’il était « tout à fait normal que les forces régulières se déploient dans les zones où il y a insécurité », condamnant le « carnage » perpétré le 26 avril à Boguila.
Source : Rfi.fr
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