Le vent fait claquer les bâches des hangars d’enregistrement des réfugiés. Ibrahim Ousmane nous y rejoint, il se déplace péniblement avec une canne. Ibrahim est handicapé. Il vit dans une petite tente qui lui est réservée avec ses enfants et sa femme pygmée. Il tenait à être le plus loin possible de Boko Haram. Il a survécu de justesse à l’attaque du village Damasak au Nigeria en novembre.
« Au départ je ne pensais pas fuir, raconte Ibrahim Ousmane, je pensais qu’ils n’ allaient pas s’en prendre à un handicapé comme moi. Mais je les ai vus tuer un enfant, et un aveugle. Alors j’ai fui avec les autres. Je me suis d’abord caché dans une rizière, d’où je les ai vus tuer encore d’autres villageois, puis j’ai pu reprendre la route et m’enfuir. »
Ibrahim se sentait mal à l’aise dans le camp de réfugiés de Gagamari à la frontière où il a d’abord logé, car la menace, dit-il, était à l’intérieur même du camp. « Des insurgés avec de mauvaises intentions se mêlent aux réfugiés. On les reconnaît, on vient tous des mêmes villages. Ils ont kidnappé des gens, ils menacent aussi des réfugiés, ils viennent aussi pour recruter. Nous en avons dénoncé aux autorités qui les ont interrogés. »
Des confettis jaunes recouvrent toute la zone frontalière du sud-est du Niger sur les cartes du Haut Commissariat aux réfugiés. Ils désignent les 126 sites d’accueil où logent environ cent mille réfugiés. Ils sont aussi des milliers à être hébergés chez des amis ou de la famille. Les mêmes populations Kanouri habitent de part et d’autre de la frontière entre le Nigeria et le Niger. Il est donc difficile pour les autorités de savoir qui est qui et d’identifier les infiltrés...
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