Au pied de la mosquée centrale, même s'il y a un peu plus de place depuis le départ du dernier convoi, chaque centimètre carré ou presque est mis à profit. Les femmes s'occupent des enfants et des vieux, assises sur des tapis au milieu de ce qu'elles ont pu emporter dans leur fuite. Des hommes déambulent. Parmi eux, Fayssal, qui relate : « Il y a les gens qui dorment ici. Le matin, ils sont partis pour chercher à manger, pour revenir à environ 18 ou 19 heures. Les femmes et les enfants dorment ici. Dehors, il y a la poussière, les maladies... »
Fayssal ne dort pas à la mosquée. Il tient à sauvegarder ce qu'il reste de sa boutique située dans le quartier. Une présence autorisée par les anti-balaka qui rôdent dans la zone. Pourquoi ? Parce qu'il paie un groupe qui empêche un autre groupe anti-balaka de mener pillages et destructions. Des anti-balaka soumettent au racket ceux qui veulent préserver du pillage leur boutique ou leur maison.
« On a été obligés de venir ici »
Depuis vendredi, les militaires français de la force Sangaris sont présents en ville. Mais contrairement à ce qu'espéraient les musulmans de Bouar, leur arrivée n'a pas mis un terme à leurs souffrances. La nuit dernière, deux maisons musulmanes ont encore été incendiées dans le quartier musulman de Bouar. Le genre d'exactions qui, depuis près d'un mois, pousse les musulmans du quartier à se réfugier à la mosquée centrale. C'est le cas de Bachir, qui confie : « Les anti-balaka sont venus ici chez nous, nous piller, faire n'importe quoi, nous tuer. On a été obligés de venir ici. »
A Bouar, des anti-balaka se fondent dans la foule et tendent l'oreille quand une patrouille française vient discuter avec les responsables des réfugiés. « Si vous les voyez, vous pouvez les reconnaitre ? S'ils sont dans la foule, il faut nous désigner ! », interpellent les soldats français. Pas si facile, s'entendent-ils répondre ce coup-ci.
« Ils reviendront si la stabilité règne »
Ce samedi, un convoi d'habitants est parti vers la frontière camerounaise, à 150 kilomètres. Peu avant d'embarquer, le maire de Bouar lui-même, un musulman, confiait à RFI : « Ce sont des camions qui ont quitté le Cameroun pour Bangui, qui ont amené des vivres, des produits PAM. Déchargé, le camion partira à vide. On va en profiter pour aller au Cameroun. »
Le maire et 2 500 autres musulmans de Bouar et de sa région sont partis à bord d'une quarantaine de véhicules, escortés par la Misca, et non sans avoir essuyé des tirs. L'imam d'une autre mosquée de la ville justifie leur choix : « Ils sont centrafricains, mais ils veulent se réfugier au Cameroun. S'ils voient que la stabilité règne, ils reviendront. » Lui n'a pas encore l'intention de partir. Il attend de voir comment va évoluer la situation.
Pour l'armée française, Bouar a une importance stratégique. Elle se situe sur la route qui relie Bangui au Cameroun. C'est l'artère commerciale de la Centrafrique. « Cette route fait transiter quasiment 90% du pouvoir économique du pays, explique le colonel Arnaud Mettey, chef de l'opération.Il importe donc évidemment de sécuriser cette route de manière à ce que cette économie à Bangui, qui est le cœur du pays, puisse redémarrer. » Pour ce faire, ce lundi, un détachement français va poursuivre son chemin plus au nord, jusqu'à la frontière.
Source : Rfi.fr
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