Selon une étude américaine publiée ce mardi 4 octobre, la prise d’hormones dans un but contraceptif doublerait le risque de contracter le VIH. Un risque également accru pour les partenaires de femmes infectées utilisant ces hormones. L’Afrique subsaharienne est particulièrement concernée.
Cela fait une bonne quinzaine années que la communauté scientifique planche sur le problème : établir un lien formel entre la contraception hormonale et l’inoculation du VIH. Un enjeu de taille puisque les régions principalement concernées par cette pratique sont aussi souvent celles qui sont les plus exposées au virus du sida.
En manque de résultats probants, les autorités sanitaires des pays concernés, comme celles se situant à l’échelon international, peuvent désormais s’appuyer sur l’étude menée par Renée Heffron de l’université de Washington de Seattle. Une étude réalisée sur 3 790 couples hétérosexuels sérodifférents provenant de sept pays africains - Botswana, Rwanda, Kenya, Tanzanie, Zambie, Ouganda et Afrique du Sud - et publiée dans la très sérieuse revue The Lancet Infectious Deseases, ce mardi 4 octobre.
Une étude à approfondir
Les résultats confirment ce que les dernières études sous-entendaient : une femme ayant recours à une contraception hormonale à plus de risque de contracter le virus du sida. Un risque presque deux fois plus important, si l’on en croit Renée Heffron. La nouveauté est que les partenaires des femmes contaminées utilisant ces contraceptifs sont eux aussi bien plus exposés. Même si les scientifiques ont du mal à savoir pourquoi.
« Ces résultats sont de meilleures qualités que ceux des dernières études publiées sur le sujet, confirme François Dabis, professeur de santé publique à l’université Victor Segalen de Bordeaux, et président du groupe de recherche dans les pays du Sud à l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS). Mais cela reste tout de même imparfait ». En effet, l’étude menée par Renée Heffron est ce que l’on appelle dans le jargon scientifique « une analyse secondaire », c'est-à-dire une analyse dont les données ont été collectées dans un autre but que celui présenté – dans ce cas précis, elles l’ont été pour deux autres études dont l’une portait sur le rôle d’un antiviral contre l’herpès dans la lutte contre la propagation du VIH. « Si on veut vraiment avoir les idées claires (sur la question), il faut procéder par tirage au sort », garantit François Dabis. Ce qu’aucune équipe de chercheurs n’a pu faire à ce jour.
Renoncer à la contraception hormonale ?
La réponse des autorités sanitaires mondiales, en particulier de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), ne peut se baser, elle, que sur des données intangibles. Or dans les pays à ressources limitées, et notamment sur le continent africain, la contraception hormonale par injection est l’une des plus plébiscitées. Faut-il donc y renoncer ? « Les avantages de tout programme de contraception dans le contexte actuel de forte fécondité et de risques maternels dans les pays du Sud, restent tels qu’on verrait mal aujourd’hui comment, même avec les risques qu’on est en train d’apprécier, la balance bénéfice-risque serait en défaveur de la contraception », insiste François Dabis.
En clair, l’OMS est dans une position délicate : continuer à promouvoir les contraceptifs hormonaux dans les pays au système de santé déficient tout en indiquant que ces contraceptifs pourraient comporter des risques. En l’absence d’essai par tirage au sort, l’organisation reste donc contrainte à jouer les équilibristes. « On a mis presque une vingtaine d’années, avec la circoncision masculine, pour se décider à faire ce type d’expériences, expériences qui ont été immédiatement concluantes, rappelle le professeur Dabis. Il est temps de faire de même pour la contraception hormonale ».
Pour aller plus loin : « Use of hormonal contraceptives and risk of HIV-1 transmission : a prospective cohort study », The Lancet Infectious Deseases, 4 octobre 2011 (en anglais).
Source: Rfi
Cela fait une bonne quinzaine années que la communauté scientifique planche sur le problème : établir un lien formel entre la contraception hormonale et l’inoculation du VIH. Un enjeu de taille puisque les régions principalement concernées par cette pratique sont aussi souvent celles qui sont les plus exposées au virus du sida.
En manque de résultats probants, les autorités sanitaires des pays concernés, comme celles se situant à l’échelon international, peuvent désormais s’appuyer sur l’étude menée par Renée Heffron de l’université de Washington de Seattle. Une étude réalisée sur 3 790 couples hétérosexuels sérodifférents provenant de sept pays africains - Botswana, Rwanda, Kenya, Tanzanie, Zambie, Ouganda et Afrique du Sud - et publiée dans la très sérieuse revue The Lancet Infectious Deseases, ce mardi 4 octobre.
Une étude à approfondir
Les résultats confirment ce que les dernières études sous-entendaient : une femme ayant recours à une contraception hormonale à plus de risque de contracter le virus du sida. Un risque presque deux fois plus important, si l’on en croit Renée Heffron. La nouveauté est que les partenaires des femmes contaminées utilisant ces contraceptifs sont eux aussi bien plus exposés. Même si les scientifiques ont du mal à savoir pourquoi.
« Ces résultats sont de meilleures qualités que ceux des dernières études publiées sur le sujet, confirme François Dabis, professeur de santé publique à l’université Victor Segalen de Bordeaux, et président du groupe de recherche dans les pays du Sud à l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS). Mais cela reste tout de même imparfait ». En effet, l’étude menée par Renée Heffron est ce que l’on appelle dans le jargon scientifique « une analyse secondaire », c'est-à-dire une analyse dont les données ont été collectées dans un autre but que celui présenté – dans ce cas précis, elles l’ont été pour deux autres études dont l’une portait sur le rôle d’un antiviral contre l’herpès dans la lutte contre la propagation du VIH. « Si on veut vraiment avoir les idées claires (sur la question), il faut procéder par tirage au sort », garantit François Dabis. Ce qu’aucune équipe de chercheurs n’a pu faire à ce jour.
Renoncer à la contraception hormonale ?
La réponse des autorités sanitaires mondiales, en particulier de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), ne peut se baser, elle, que sur des données intangibles. Or dans les pays à ressources limitées, et notamment sur le continent africain, la contraception hormonale par injection est l’une des plus plébiscitées. Faut-il donc y renoncer ? « Les avantages de tout programme de contraception dans le contexte actuel de forte fécondité et de risques maternels dans les pays du Sud, restent tels qu’on verrait mal aujourd’hui comment, même avec les risques qu’on est en train d’apprécier, la balance bénéfice-risque serait en défaveur de la contraception », insiste François Dabis.
En clair, l’OMS est dans une position délicate : continuer à promouvoir les contraceptifs hormonaux dans les pays au système de santé déficient tout en indiquant que ces contraceptifs pourraient comporter des risques. En l’absence d’essai par tirage au sort, l’organisation reste donc contrainte à jouer les équilibristes. « On a mis presque une vingtaine d’années, avec la circoncision masculine, pour se décider à faire ce type d’expériences, expériences qui ont été immédiatement concluantes, rappelle le professeur Dabis. Il est temps de faire de même pour la contraception hormonale ».
Pour aller plus loin : « Use of hormonal contraceptives and risk of HIV-1 transmission : a prospective cohort study », The Lancet Infectious Deseases, 4 octobre 2011 (en anglais).
Source: Rfi
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