Alors que le Maroc n’autorise pas les unions du même sexe, la Cour de cassation de Paris, la plus haute juridiction française, a validé mercredi le mariage homosexuel d'un couple franco-marocain. Cette annonce qui intervient dans un contexte de brouille entre Rabat et Paris, est susceptible de provoquer un regain de tension entre les deux pays.
Prenant la parole sur ce sujet à la suite de la décision de la Cour, le Premier ministre Manuel Valls s’est déclaré déterminé à tout mettre en œuvre pour que les relations entre la France et le Maroc se normalisent. Il a déclaré que les deux pays étaient amis et que ce froid diplomatique n'était que le résultat de nombreuses incompréhensions.
En effet, le torchon brûle entre les deux pays depuis environ un an. Tout est en fait parti d'une série de plaintes qui ont été déposées devant la justice française, visant de hauts dignitaires marocains.
Coopération judiciaire suspendue
Le début de la crise remonte au mois de février 2014. Une plainte avait été déposée visant Abdellatif Hammouchi, le chef des services de renseignement marocains. La police française avait voulu à l’époque interroger Hammouchi, alors qu'il était en visite à Paris.
Plus précisément, la police voulait l'entendre au sujet d'accusations de torture à l'intérieur de ses services. Le souci, c'est que lors de cette visite, Abdellatif Hammouchi se trouvait dans la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Paris. La police y a fait irruption pour lui remettre une convocation délivrée par un juge d'instruction au sujet de cette affaire de tortures. Le Maroc avait alors reproché à la France de ne pas être passée par les canaux diplomatiques habituels dans cette affaire et le royaume a ensuite suspendu sa coopération judiciaire avec l'Hexagone.
Conséquence : tout d'abord, le magistrat de liaison marocain qui se trouve à Paris, c’est-à-dire celui qui est chargé de faire le lien entre les demandes de la justice française et le Maroc, a été rappelé par les autorités de son pays. Plus grave encore, toute action judiciaire qui nécessite l'action du Maroc devient impossible, qu'il s'agisse des extraditions, des mandats d'arrêts internationaux et surtout des commissions rogatoires internationales. Cela implique qu'un juge français ne peut plus déléguer une partie de son affaire qui aurait lieu au Maroc aux enquêteurs de ce pays.
Et enfin, dernière conséquence et non des moindres, la coopération en matière de sécurité est également affectée par cette crise diplomatique, alors que les deux pays sont alliés dans la lutte contre le terrorisme. D’où la prise de parole de Manuel Valls exprimant sa détermination à parvenir à une normalisation des relations le plus vite possible.
Calmer le jeu
Ce n'est pas la première fois que les Français essaient de calmer le jeu. Quand la suspension de la coopération judiciaire a eu lieu, les autorités françaises ont tout d'abord été très surprises, et trouvaient cette réaction complètement disproportionnée. Très vite, toujours en février 2014, François Hollande en personne a appelé le roi du Maroc, Mohamed VI, pour calmer sa colère. Sans succès ! Les déclarations des autorités françaises se sont ensuite succédé tout au long de l'année dernière. A chaque fois le même message : « Nos deux pays sont amis, les tensions qui existent ne sont que le résultat d'incompréhensions ».
Bref, cela fait maintenant un an que cette incompréhension dure. C'est une situation complètement inédite dans l'histoire des deux pays, qui ont d'ordinaire une relation très cadrée. Le travail diplomatique se poursuit pour retrouver l'amitié d'antan, avec la rencontre prévue ce jeudi entre les ministres de la Justice, à Paris, pour enfin trouver une issue à cette crise.
-
En Côte d'Ivoire, le décret pour dissoudre les associations syndicales étudiantes est adopté
-
Attaque de Boko Haram: la société civile prépare un plan d'action pour sécuriser le lac Tchad
-
Génocide des Tutsis au Rwanda: Eugène Rwamucyo condamné à 27 ans de prison
-
Burkina Faso: il y a dix ans, une insurrection mettait fin au règne de Blaise Compaoré
-
Élections au Botswana : ouverture des bureaux de vote