Dans l’opinion déjà le fait d’être exubérant dans le discours est souvent interprété comme une expression d’une certaine culpabilité ou de défaillance dans l’action.
L’on estime que lorsque quelqu’un s’attarde à des détails c’est parce qu’il traîne des lacunes dans le registre de l’essentiel. Ce n’est d’ailleurs pas un simple préjugé, car les coups d’éclat dans les actions sont toujours plus efficients que les grand-messes oratoires.
Ce n’est donc pas parce qu’on communique beaucoup que l’on communique bien : tout est une question d’à-propos, de cible et de contexte. L’on sait par exemple que la communication en période de crise est fondamentalement différente de celle d’en période de paix.
Le sens des énoncés, la pertinence du locuteur et sa crédibilité varient d’ailleurs en fonction du contexte et de la cible.
Nous savons que la politique aujourd’hui est largement tributaire des subtilités médiatiques : cette dépendance à l’égard des médias réduit considérablement la marge de manœuvre de l’homme politique.
L’allure belliqueuse, les menaces, les invectives ne sont pas des formes de communication qui s’adaptent à n’importe quelle station présidentielle. Les petites disputes et les controverses inutiles doivent être bannies de la sphère présidentielle et même de celle gouvernementale.
Il y a dans les périphéries de chaque pouvoir des gens qui sont naturellement destinés à abattre cette forme de communication que l’on peut ranger dans la catégorie des basses besognes.
Il doit y avoir un peu de hauteur et de transcendance dans le discours de celui qui porte la parole du Président. On ne peut pas porter la parole d’un chef d’État et parler comme n’importe qui : autant le Président de la République doit être charismatique, autant son porte-parole doit également l’être.
La communication présidentielle doit être toujours assujettie à des formes quelque soit le contenu : le cérémonial qui sous-tend les différentes interventions d’un Président de la république est loin d’être fortuit : tout cela est sens.
Contrairement à la pratique et à une certaine idée reçue, le rôle de porte-parole n’est pas destiné à tout spécialiste de la communication. Les formes standards de la communication peuvent être assimilées par tout professionnel de la communication, mais cela ne garantit nullement la compétence d’un porte-parole. Ce dernier requiert une prestance intellectuelle et une aisance dans la communication que seule une formation universitaire peut conférer.
L’expérience montre que les portes paroles de Président sont souvent soit des universitaires chevronnés, soit des spécialistes de la communication qui ont un background académique probant dans les sciences sociales. La plupart des portes paroles du président ou du chef de l’exécutif dans les grandes démocraties sont des universitaires abreuvés aux sources originelles du parti au pouvoir.
C’est donc dire que le rôle de porte-parole du président de la république est rarement une affaire de technocrate brut. Il faut certes être nanti des savoirs et du savoir-faire distillés dans les universités et écoles supérieures de communication, mais la base militante, la constance dans l’engagement politique et la crédibilité qui naît d’une trajectoire politique honorable, sont toujours nécessaires pour être un bon porte-parole de président de la république.
Ces deux extrêmes sont donc à éviter dans l’enrôlement d’un porte-parole dans une démocratie d’opinion : un technocrate pur et un militant qui n’a que son chauvinisme et son fanatisme politique à faire valoir comme argument.
Il faut dire que le profil de porte-parole n’est pas donné à n’importe qui, car en plus de la faculté de communiquer, il est nécessaire d’avoir soi-même bonne presse. On ne peut pas être une sorte de courroie de transmission entre le pouvoir et la presse et faire l’objet d’un rejet quasi unanime de la part des professionnels de la communication et de l’opinion de manière générale.
Le porte-parole du président doit bénéficier d’une côte de popularité qui soit un gage de crédibilité au niveau de l’opinion sinon son impopularité peut contaminer celle du Président.
Il faut, sous ce rapport, souligner que sociologiquement le passé de l’individu qu’il soit bon ou mauvais influe beaucoup sur la perception que les citoyens ont de lui. L’aura d’un porte-parole peut être un excellent tremplin pour sa posture, mais l’image détestable qu’il inspire peut absolument rejaillir sur la qualité de ses prestations.
On ne peut pas dégager l’image d’un inconstant avec en prime une carrière politique jalonnée d’opportunismes et être perçu comme crédible en tant que porte-parole du Président. Au contraire le fait d’apparaître comme un inconditionnel ou un fidèle parmi les fidèles pour persuader les partisans comme les adversaires de sa bonne foi.
Si déjà dans sa propre famille politique on n’est pas perçu comme membre on aura du mal à convaincre les gens d’en face. Si de part et d’autre le porte-parole du Président est perçu comme un simple mercenaire qui vend juste sa force de travail, il n’y a pas de doute que son travail sera déprécié comme l’est celui de tout mercenaire.
La mue politique est concevable et compréhensible en démocratie, mais l’apostasie totale est toujours révélatrice d’une anomalie sur l’exigence éthique de la politique. Hier farouche contempteur, aujourd’hui défenseur frénétique et fanatique de la même personne : ce n’est pas seulement de l’apostasie politique, c’est de l’incohérence manifeste dans la conduite morale et politique d’un homme.
Quand bien même le président de la république aurait toute la hauteur et la grandeur d’âme requises pour mettre cela dans le compte des chemins escarpés de la politique, les citoyens ne seront dans les dispositions psychologiques de voir la même personne sous des auspices différents.
Il est difficile de porter la parole d’une personne qu’on accablait d’invectives dans un passé récent : soit sa propre parole ne vaut pas un radis, soit sa lecture politique manque de profondeur.
Dans les deux cas, on n’est a priori disqualifié comme porte-parole légitime de l’homme politique en question, .de surcroît s’il s’agit d’un Président de la république. Il en est ainsi parce que le changement de statut de l’homme politique dont aspire à porter la parole sera perçu comme la raison principale d’un tel revirement.
Ce défaut de crédibilité est donc forcément handicapant pour celui qui postule ou qui prétend à devenir un porte-parole digne d’un homme politique de la stature de Wade.
Le charisme est généralement souhaité chez l’homme politique, mais il est également requis chez le porte-parole de ce dernier. Un porte-parole charismatique et pertinent peut bonifier l’homme politique en termes de popularité et de crédibilité : l’effet de contamination est d’ailleurs possible dans les deux sens.
Un porte-parole doit avoir le sens du sacrifice personnel pour la rédemption de son mentor et cela n’est possible que la complicité entre les deux hommes est réelle.
Ce n’est pas parce qu’on communique bien qu’on est forcément un bon porte-parole : le meilleur spécialiste de la communication ferait piètre service pour un guide religieux.
Le fait d’être un redoutable polémiste non plus ne garantit nullement de bonnes prestations comme porte-parole du Président. C’est pourquoi la communication d’un président de la république ne saurait être abandonnée à la magie d’une seule personne fut-elle la plus experte et la plus ingénieuse communication politique.
La solitude dans l’élaboration d’un produit destiné à la consommation d’un large public est forcément suicidaire : c’est l’essence même de la communication qui récuse un tel procédé.
Pape Sadio THIAM
Journaliste
Doctorant en sciences politique UGB
thiampapesadio@yahoo.fr
77 242 50 18 /76 587 01 63
L’on estime que lorsque quelqu’un s’attarde à des détails c’est parce qu’il traîne des lacunes dans le registre de l’essentiel. Ce n’est d’ailleurs pas un simple préjugé, car les coups d’éclat dans les actions sont toujours plus efficients que les grand-messes oratoires.
Ce n’est donc pas parce qu’on communique beaucoup que l’on communique bien : tout est une question d’à-propos, de cible et de contexte. L’on sait par exemple que la communication en période de crise est fondamentalement différente de celle d’en période de paix.
Le sens des énoncés, la pertinence du locuteur et sa crédibilité varient d’ailleurs en fonction du contexte et de la cible.
Nous savons que la politique aujourd’hui est largement tributaire des subtilités médiatiques : cette dépendance à l’égard des médias réduit considérablement la marge de manœuvre de l’homme politique.
L’allure belliqueuse, les menaces, les invectives ne sont pas des formes de communication qui s’adaptent à n’importe quelle station présidentielle. Les petites disputes et les controverses inutiles doivent être bannies de la sphère présidentielle et même de celle gouvernementale.
Il y a dans les périphéries de chaque pouvoir des gens qui sont naturellement destinés à abattre cette forme de communication que l’on peut ranger dans la catégorie des basses besognes.
Il doit y avoir un peu de hauteur et de transcendance dans le discours de celui qui porte la parole du Président. On ne peut pas porter la parole d’un chef d’État et parler comme n’importe qui : autant le Président de la République doit être charismatique, autant son porte-parole doit également l’être.
La communication présidentielle doit être toujours assujettie à des formes quelque soit le contenu : le cérémonial qui sous-tend les différentes interventions d’un Président de la république est loin d’être fortuit : tout cela est sens.
Contrairement à la pratique et à une certaine idée reçue, le rôle de porte-parole n’est pas destiné à tout spécialiste de la communication. Les formes standards de la communication peuvent être assimilées par tout professionnel de la communication, mais cela ne garantit nullement la compétence d’un porte-parole. Ce dernier requiert une prestance intellectuelle et une aisance dans la communication que seule une formation universitaire peut conférer.
L’expérience montre que les portes paroles de Président sont souvent soit des universitaires chevronnés, soit des spécialistes de la communication qui ont un background académique probant dans les sciences sociales. La plupart des portes paroles du président ou du chef de l’exécutif dans les grandes démocraties sont des universitaires abreuvés aux sources originelles du parti au pouvoir.
C’est donc dire que le rôle de porte-parole du président de la république est rarement une affaire de technocrate brut. Il faut certes être nanti des savoirs et du savoir-faire distillés dans les universités et écoles supérieures de communication, mais la base militante, la constance dans l’engagement politique et la crédibilité qui naît d’une trajectoire politique honorable, sont toujours nécessaires pour être un bon porte-parole de président de la république.
Ces deux extrêmes sont donc à éviter dans l’enrôlement d’un porte-parole dans une démocratie d’opinion : un technocrate pur et un militant qui n’a que son chauvinisme et son fanatisme politique à faire valoir comme argument.
Il faut dire que le profil de porte-parole n’est pas donné à n’importe qui, car en plus de la faculté de communiquer, il est nécessaire d’avoir soi-même bonne presse. On ne peut pas être une sorte de courroie de transmission entre le pouvoir et la presse et faire l’objet d’un rejet quasi unanime de la part des professionnels de la communication et de l’opinion de manière générale.
Le porte-parole du président doit bénéficier d’une côte de popularité qui soit un gage de crédibilité au niveau de l’opinion sinon son impopularité peut contaminer celle du Président.
Il faut, sous ce rapport, souligner que sociologiquement le passé de l’individu qu’il soit bon ou mauvais influe beaucoup sur la perception que les citoyens ont de lui. L’aura d’un porte-parole peut être un excellent tremplin pour sa posture, mais l’image détestable qu’il inspire peut absolument rejaillir sur la qualité de ses prestations.
On ne peut pas dégager l’image d’un inconstant avec en prime une carrière politique jalonnée d’opportunismes et être perçu comme crédible en tant que porte-parole du Président. Au contraire le fait d’apparaître comme un inconditionnel ou un fidèle parmi les fidèles pour persuader les partisans comme les adversaires de sa bonne foi.
Si déjà dans sa propre famille politique on n’est pas perçu comme membre on aura du mal à convaincre les gens d’en face. Si de part et d’autre le porte-parole du Président est perçu comme un simple mercenaire qui vend juste sa force de travail, il n’y a pas de doute que son travail sera déprécié comme l’est celui de tout mercenaire.
La mue politique est concevable et compréhensible en démocratie, mais l’apostasie totale est toujours révélatrice d’une anomalie sur l’exigence éthique de la politique. Hier farouche contempteur, aujourd’hui défenseur frénétique et fanatique de la même personne : ce n’est pas seulement de l’apostasie politique, c’est de l’incohérence manifeste dans la conduite morale et politique d’un homme.
Quand bien même le président de la république aurait toute la hauteur et la grandeur d’âme requises pour mettre cela dans le compte des chemins escarpés de la politique, les citoyens ne seront dans les dispositions psychologiques de voir la même personne sous des auspices différents.
Il est difficile de porter la parole d’une personne qu’on accablait d’invectives dans un passé récent : soit sa propre parole ne vaut pas un radis, soit sa lecture politique manque de profondeur.
Dans les deux cas, on n’est a priori disqualifié comme porte-parole légitime de l’homme politique en question, .de surcroît s’il s’agit d’un Président de la république. Il en est ainsi parce que le changement de statut de l’homme politique dont aspire à porter la parole sera perçu comme la raison principale d’un tel revirement.
Ce défaut de crédibilité est donc forcément handicapant pour celui qui postule ou qui prétend à devenir un porte-parole digne d’un homme politique de la stature de Wade.
Le charisme est généralement souhaité chez l’homme politique, mais il est également requis chez le porte-parole de ce dernier. Un porte-parole charismatique et pertinent peut bonifier l’homme politique en termes de popularité et de crédibilité : l’effet de contamination est d’ailleurs possible dans les deux sens.
Un porte-parole doit avoir le sens du sacrifice personnel pour la rédemption de son mentor et cela n’est possible que la complicité entre les deux hommes est réelle.
Ce n’est pas parce qu’on communique bien qu’on est forcément un bon porte-parole : le meilleur spécialiste de la communication ferait piètre service pour un guide religieux.
Le fait d’être un redoutable polémiste non plus ne garantit nullement de bonnes prestations comme porte-parole du Président. C’est pourquoi la communication d’un président de la république ne saurait être abandonnée à la magie d’une seule personne fut-elle la plus experte et la plus ingénieuse communication politique.
La solitude dans l’élaboration d’un produit destiné à la consommation d’un large public est forcément suicidaire : c’est l’essence même de la communication qui récuse un tel procédé.
Pape Sadio THIAM
Journaliste
Doctorant en sciences politique UGB
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