Il a fallu du temps pour que les membres des ex-groupes d’autodéfense et des ex-forces de défense et de sécurité ne faisant plus partie des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) commencent à se manifester auprès de l’ADDR, et à déposer leurs armes et munitions. « On n’avait pas confiance. Les gens nous appelaient pour nous dire que si on partait déposer les armes, on allait nous tuer. Aujourd’hui on a confiance », explique un ex-combattant, Jacky Junior Ali Konan.
Les armes déposées par les ex-combattants sont données aux casernes des FRCI, de la gendarmerie et de la police. Mais avant cela, les autorités procèdent au marquage des armes, sur lesquelles sont apposés le logo de la Cédéao, la mention Côte d’Ivoire, et enfin la cote de l'unité auquel elle appartient. L’ADDR et ses partenaires ont déjà récupéré plus de 7 000 armes et 570 900 munitions.
Centres de resocialisation
Pour prendre en charge une partie des 74 000 ex-combattants de Côte d'Ivoire, l'ADDR s'appuie sur un nouveau concept : la resocialisation. Elle a mis en place six centres de resocialisation à travers le pays, dont celui de Bondoukou, à environ 420 km au nord-est d’Abidjan. Ces centres fonctionnent sur le modèle de l’internat, où les ex-combattants restent un mois.
L'idée qui préside à cette initiative : il ne suffit pas de réinsérer les ex-combattants par le travail pour régler définitivement leurs problèmes et ceux de la société. Le professeur de psychologie, Jean-Marie Yeo-Tenena, explique les problèmes les plus fréquemment pris en charge : « Ce qui prédomine, ce sont les problèmes en rapport avec l’alcool, le tabac et la drogue. Deuxièmement, les états dépressifs. Troisièmement, les états de stress post-traumatique en rapport avec le conflit armé. »
Ces centres de resocialisation accueillent des gens qui se considéraient hier comme ennemis. Des gens parfois traumatisés, comme Gaoussou Touré : « J’ai été bombardé par avion le 7 juin 2004. Mon sexe a été coupé en deux ». Une opération d’urologie est nécessaire pour le jeune homme. Le chef d’état-major de l’armée, Soumaïla Bakayoko, s’est engagé à la financer en partie.
« Une nouvelle vie »
De son côté, Jean-Noël Effo Brou qui avait vu son oncle, la femme de son oncle et leurs deux enfants se faire tuer, a reconnu leur assassin en arrivant au centre de Bondoukou. Il dit avoir parlé avec le psychologue pendant trois jours. « Je me suis senti mieux. Mais ma seule préoccupation, c’est que quand je suis seul, les idées reviennent... ».
Pas de volonté de vengeance pour autant, assure l'ex-combattant, qui a désormais de nouvelles raisons d'espérer : « C’est fini, je n’ai plus cette idée de me venger. Je veux vivre une nouvelle vie, parce que j’ai une fille que j’aime beaucoup, à qui j’ai donné le nom de ma mère. »
Source : Rfi.fr
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