Des migrants débarquent au port de La Restinga, sur l'île d'El Hierro, le 30 septembre 2024. Crédit : Reuters
Une nouvelle affaire secoue les îles Canaries. La justice de l’archipel espagnol a ouvert une enquête pour mauvais traitements et abus dans des centres d’accueil pour migrants mineurs du territoire. Quatre cas ont été portés aux enquêteurs : deux à Tenerife et deux autres à Grande Canarie, indique le quotidien espagnol El País.
"Nous ne pouvons pas donner plus d'informations car ils font l'objet d'une enquête", a déclaré lundi 30 septembre à la presse la procureure suprême de la communauté des Canaries, María Farnés Martínez.
"Agressions physiques et mauvais traitement continus"
El País révèle néanmoins quelques détails sur ce dossier. En ce qui concerne Grande Canarie, la justice s’appuie sur une alerte donnée en 2021 par un groupe de travailleurs sociaux ainsi qu’une lettre envoyée par les plaignants au ministère des Droits sociaux. Dans un centre de Las Palmas, des mineurs racontent avoir été abusés sexuellement par des migrants adultes, hébergés dans la même structure. Des employés sont également visés pour avoir tu ces pratiques, mais aussi pour "agressions physiques et mauvais traitement continus" contre des résidents.
Dans le cas de Tenerife, deux centres sont pointés du doigt, dont un hôtel transformé en lieu d’accueil. Des jeunes exilés interrogés par El País en juillet dernier avait relaté les sévices subis alors qu’ils étaient logés dans un hôtel de Puerto de la Cruz, au nord de l’île. "Ils [des employés, ndlr] n’ont pas besoin de raison pour vous punir. Ils vous emmènent dans un bureau et deux ou trois éducateurs vous battent", avait expliqué un adolescent originaire de Gambie.
Certains jeunes auraient été enfermés dans des chambres transformées en cellules d’isolement pour les punir d'un mauvais comportement. "La normale est de trois jours, mais certaines personnes ont été enfermées une semaine", avait rapporté le Gambien.
L’autre plainte concerne l’un des centres les plus peuplés des Canaries, toujours à Tenerife, où jusqu’à 300 mineurs ont été hébergés au même moment. D’anciens travailleurs ont assuré qu’ils avaient été témoins de plusieurs agressions commises par des collègues contre des jeunes.
Les témoignages faisaient état de "coups violents" de la part du directeur du centre sur un mineur, immobilisé par un éducateur. Un autre adolescent avait affirmé avoir été victime "d’attouchements" dans le bureau du même responsable.
En avril dernier, c’est le centre de La Santa de Lanzarote qui a fait la une des journaux. Cinq travailleurs sociaux sont soupçonnés d’avoir forcé des jeunes à commettre des délits (vols, destruction de mobilier…) dans la structure, pour saboter son fonctionnement. En cas de refus des mineurs, ces derniers étaient privés de sortie. Les employés retardaient aussi leur procédure d’obtention des papiers en Espagne.
Selon le quotidien El País, les accusations de violences sont courantes dans les lieux d’hébergement pour exilés mais ces affaires éclatent rarement au grand jour. En raison de la barrière de la langue ou de la peur de la police et des agresseurs, les migrants n’osent pas saisir la justice et préfèrent se taire.
Après les révélations du média espagnol, la procureure suprême de la communauté des Canaries, María Farnés Martínez a bien reconnu des "dysfonctionnements" dans les centres d’accueil de l’archipel. Mais "ils ne sont imputables à personne, ni au gouvernement des Canaries, ni à nous", a-t-elle insisté. "Ils sont symptomatiques de la situation actuelle".
Le président du gouvernement autonome des Canaries, Fernando Clavijo, n’a eu de cesse ces derniers mois d’appeler Madrid à l’aide pour prendre en charge cette population. Plus de 5 300 jeunes sont logés dans les structures de l’archipel, pour une capacité d’accueil de 2 000 places.
AVEC Infos Migrants
"Nous ne pouvons pas donner plus d'informations car ils font l'objet d'une enquête", a déclaré lundi 30 septembre à la presse la procureure suprême de la communauté des Canaries, María Farnés Martínez.
"Agressions physiques et mauvais traitement continus"
El País révèle néanmoins quelques détails sur ce dossier. En ce qui concerne Grande Canarie, la justice s’appuie sur une alerte donnée en 2021 par un groupe de travailleurs sociaux ainsi qu’une lettre envoyée par les plaignants au ministère des Droits sociaux. Dans un centre de Las Palmas, des mineurs racontent avoir été abusés sexuellement par des migrants adultes, hébergés dans la même structure. Des employés sont également visés pour avoir tu ces pratiques, mais aussi pour "agressions physiques et mauvais traitement continus" contre des résidents.
Dans le cas de Tenerife, deux centres sont pointés du doigt, dont un hôtel transformé en lieu d’accueil. Des jeunes exilés interrogés par El País en juillet dernier avait relaté les sévices subis alors qu’ils étaient logés dans un hôtel de Puerto de la Cruz, au nord de l’île. "Ils [des employés, ndlr] n’ont pas besoin de raison pour vous punir. Ils vous emmènent dans un bureau et deux ou trois éducateurs vous battent", avait expliqué un adolescent originaire de Gambie.
Certains jeunes auraient été enfermés dans des chambres transformées en cellules d’isolement pour les punir d'un mauvais comportement. "La normale est de trois jours, mais certaines personnes ont été enfermées une semaine", avait rapporté le Gambien.
L’autre plainte concerne l’un des centres les plus peuplés des Canaries, toujours à Tenerife, où jusqu’à 300 mineurs ont été hébergés au même moment. D’anciens travailleurs ont assuré qu’ils avaient été témoins de plusieurs agressions commises par des collègues contre des jeunes.
Des histoires similaires dans d'autres centres
Ce n’est pas la première fois que des accusations de violences visent des personnes employées dans des centres d’accueil pour mineurs aux Canaries. En novembre 2013, 12 jeunes avaient adressé une lettre à la justice espagnole dans laquelle ils évoquaient les mauvais traitements subis dans la structure d’Acorán, en périphérie de Las Palmas.Les témoignages faisaient état de "coups violents" de la part du directeur du centre sur un mineur, immobilisé par un éducateur. Un autre adolescent avait affirmé avoir été victime "d’attouchements" dans le bureau du même responsable.
En avril dernier, c’est le centre de La Santa de Lanzarote qui a fait la une des journaux. Cinq travailleurs sociaux sont soupçonnés d’avoir forcé des jeunes à commettre des délits (vols, destruction de mobilier…) dans la structure, pour saboter son fonctionnement. En cas de refus des mineurs, ces derniers étaient privés de sortie. Les employés retardaient aussi leur procédure d’obtention des papiers en Espagne.
Selon le quotidien El País, les accusations de violences sont courantes dans les lieux d’hébergement pour exilés mais ces affaires éclatent rarement au grand jour. En raison de la barrière de la langue ou de la peur de la police et des agresseurs, les migrants n’osent pas saisir la justice et préfèrent se taire.
Après les révélations du média espagnol, la procureure suprême de la communauté des Canaries, María Farnés Martínez a bien reconnu des "dysfonctionnements" dans les centres d’accueil de l’archipel. Mais "ils ne sont imputables à personne, ni au gouvernement des Canaries, ni à nous", a-t-elle insisté. "Ils sont symptomatiques de la situation actuelle".
Tensions entre le gouvernement canarien et Madrid
Depuis le début de l'année, l’archipel espagnol est confronté à un important afflux de migrants sur ses côtes. Plus de 30 000 personnes ont débarqué aux Canaries depuis janvier, soit une hausse de plus de 120 % par rapport à la même période l'an dernier. Parmi ces exilés se trouvent de nombreux mineurs.Le président du gouvernement autonome des Canaries, Fernando Clavijo, n’a eu de cesse ces derniers mois d’appeler Madrid à l’aide pour prendre en charge cette population. Plus de 5 300 jeunes sont logés dans les structures de l’archipel, pour une capacité d’accueil de 2 000 places.
AVEC Infos Migrants
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