9 talibés ont trouvé hier la mort dans un incendie qui a eu lieu à la Médina. Ce drame a installé la tristesse et la désolation chez presque toutes les composantes de la société sénégalaise. Du président de la République aux vendeurs de cacahuètes en passant par les ménagères et d’autres. Les enfants ne méritent pas un tel sort. Pourtant, même si la société sénégalaise a exprimé son émotion face à ce drame, force est de constater qu’elle est entièrement responsable de la pénible situation que vivent les enfants.
D’abord, l’Etat a failli dans sa mission. Le gouvernement du Sénégal a ratifié toutes les conventions relatives au droit des enfants. Ces conventions rejettent toute forme de violence ou d’exploitation à l’égard des enfants. L’Etat a tenté depuis longtemps de faire appliquer ses engagements internationaux à travers des campagnes de sensibilisation contre les violations des droits des enfants et la construction de structures d’accueil dont le centre de Ginndi. Face aux résistances, le gouvernement avait engagé des actions pour récupérer les enfants. Des marabouts ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme ont crié leur indignation. Face aux pressions, l’Etat a reculé. Conséquences, les enfants continuent de squatter les rues de Dakar.
Partenaires de l’Etat, les Ong ont, après avoir visiblement engrangé des fonds ont essayé de jouer leur partition en menant des campagnes de sensibilisation contre le phénomène. Ces campagnes ont manifestement montré leurs limites. Personne ne veut visiblement pas aller jusqu’au bout. Les acteurs de la protection des droits de l’enfant ne veulent certainement pas subir les foudres des lobbies, parce qu’ils savent pertinemment que le circuit par lequel les enfants débarquent à Dakar. Ils savent que les maitres coraniques qui les accompagnent ne sont préoccupés que par leurs propres poches. Chaque enfant verse en moyenne 500 F par jour à son maitre. Loin pour nous l’idée de dénoncer l’enseignent coranique. Le Sénégal dispose de bons Daaras. A Médina Baye chez Imam Assane Cissé, à Coky ou dans d’autres foyers religieux des enfants sont accueillis par des guides religieux qui prennent toutes les dispositions pour leur donner une éducation saine. L’Etat doit appuyer ces bons exemples. Et combattre ceux qui au nom de la religion, mettent les enfants dans une situation inacceptable.
La société doit aussi faire son autocritique. Les citoyens sénégalais sont prompts à débourser des pièces de monnaie chaque matin pour les donner à un talibé sur recommandation d’un marabout. Ou par pitié. Cet argent versé chaque jour encourage des personnes soucieuses de remplir des poches à débarquer des enfants à Dakar ou dans les autres centres urbains, pour sous le couvert de l’enseignement coranique, les pousser à la mendicité. Le phénomène est devenu un business. Ces enfants n’habitent généralement pas au Sénégal. Ils viennent principalement de la Guinée et du Mali. Leurs soi-disant maitres s’engagent souvent à verser une partie des sommes reçues aux parents restés aux villages. D’où la nécessité pour l’Etat d’agir. Le président de la République a affirmé que l’Etat va organiser la mendicité. Une telle décision est salutaire. L’Etat a une bonne occasion pour poser un acte fort. Le prochain conseil des ministres décentralisé aura lieu à Kolda. Cette localité est la principale zone de départ ou de transit des enfants mendiants. Prendre des mesures pour empêcher le flux d’enfants vers l’intérieur du pays donnera une dimension positive à la lutte contre les pires formes de travail des enfants.
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