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Chronique
L’ignoble attaque perpétrée vendredi dernier contre le siège du groupe de presse Walfadjri est un symptôme d’un mal profond qui ronge notre Etat-Nation : l’injustice. Si des individus ont du toupet jusqu’ à s’en prendre, en plein jour et à visage découvert, à des personnes et des locaux, c’est qu’ils devaient être convaincus de vêtir le manteau de l’impunité. Dans un Etat qui se dit de droit, la justice est publique et les forces de l’ordre dissuasives. Ceux qui se sentent offensés ou qui estiment être victimes de préjudice estent du côté de la justice qui doit délibérer de matière contradictoire pour situer toute les responsabilités.
Sinon, c’est l’instauration de la jungle où règne la loi du plus fort. Personne n’y a intérêt y compris ceux qui se croient très fort. Mais pour inspirer ce respect et cette confiance, la Justice qui est Institution et Valeur doit mettre au coeur de son action l’impartialité et la rigueur. Une posture qui fait des fois défaut. Beaucoup de citoyens ont le sentiment que la justice fonctionne à deux vitesses. Des exemples célèbres et d’autres moins célèbres laissent ce goût d’inachevé. C’est le cas de l’agression au marteau de Talla Sylla, des tabassages de l’ex-correspondant de la Rfm à Diourbel, Pape Cheikh Fall, de Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune, des saccages des locaux de l’As et de 24h Chrono,… du naufrage du bateau Le Joola. Les familles de victimes de cette tragédie réclament encore justice sept ans après la survenue de cette catastrophe maritime. L’Etat qui a reconnu sa responsabilité civile en indemnisant les parents de victimes n’est pas allé jusqu’au bout de sa logique en faisant situer toutes les négligences coupables pour panser les plaies laissées béantes par ces blessures morales et physiques. En lieu et place, on a pensé que la distribution de pécules pouvait faire tourner cette sinistre page. Erreur ! Certains parents, Idrissa Diallo et Nassardine Aïdara par exemple, l’ont compris en refusant de passer à la caisse pour servir de faire valoir. Perdre 3 ou 4 êtres chers d’un seul coup constitue un manque que ne comblent pas seulement quelques billets de banque. Le parquet a classé sans suite le dossier pénal du Joola arguant du fait que le capitaine du bateau Issa Diarra était le seul responsable. Trop court comme argument aux yeux de ces âmes éprouvées qui se tournent vers la justice française décidée à aller au-delà du « gel » sénégalais pour réparer l’injustice dont se disent victimes les familles des « 1863 » malheureux naufragés. Et là aussi la débauche d’énergie des autorités pour annuler les mandats d’arrêt lancés contre de présumés responsables du drame du Joola a choqué plus d’un. Une batterie d’avocats grassement payés. Cette diligence pour protéger des gouvernants aurait pu se déployer dans l’administration de la justice dans les cas cités plus haut. On note également ce genre de précipitations dans des cas où les mis en cause sont des gens de la presse ou assimilés. Les arrestations de Madiambal Diagne, Moustapha Sow, les convocations à la Dic de Pape Alé Niang, Abdou Latif Couliblay, Mody Niang, Jean Meïssa Diop, Mamadou Biaye, Aminatou M. Diop et les nombreuses citations à comparaître de journalistes et autres objecteurs de conscience montrent la nécessité de réformer l’administration de notre justice. Le dernier placement sous mandat de dépôt des correspondants de l’As, Pape Samba Sène et de la Rfm Abdou Dia vient confirmer cette propension à mettre dans les liens de la prévention des journalistes pour des affaires qui relèvent du civil. Depuis 2004, lors de la détention de Madiambal Diagne on nous parle de dépénalisation des délits de presse et de l’abrogation de l’article 80 sans effet. Les journalistes ne sont pas certes au-dessus des lois mais au Sénégal, on met trop rapidement en prison des citoyens pour des fois des vétilles. Des différends qui auraient pu franchement se régler dans le cadre de conciliations ou de dédommagements, ce éviterait de surpeupler les prisons. Pendant ce temps d’autres qui ont trempé dans des affaires plus louches se la coulent douce. Les commanditaires de la mise à sac de l’as et de 24 H Chrono sont identifiés. Le Président avait même démis l’accusé Farba Senghor de ses fonctions avant de le déclarer passible de la Haute Cour de justice, jusqu’ici cela ne connaît aucune suite. Les lampistes qui avaient été emprisonnés ont été graciés avec le journaliste El Malick Seck, un véritable tour de passe-passe. Il faut que cela cesse si nous voulons vivre dans un havre de paix où la stabilité est garantie par la justice. Nos magistrats et autres auxiliaires de justice sont bien formés et compétents, il suffit de leur faire suffisamment confiance pour goûter aux délices, au propre comme au figuré, du Palais de justice. Abdoulaye SYLLA syllaye@gmail.com
« Je suis un homme nuancé », aime à dire le Président Abdoulaye Wade. Une posture qui lui permet de valser souvent d’une opinion à une autre sans en donner l’impression. L’annonce transatlantique de sa candidature à la prochaine présidentielle semble obéir à la même logique. Il ne déroge pas à sa légendaire règle. Etonner et détonner. C’est n’est pas un hasard s’il a pris la précaution (f)utile de préciser que cette candidature est conditionnée par sa santé physique et mentale. Cela va de soi. Plus fondamentalement si Wade a décidé de proclamer sur la Voix de l’Amérique qu’il allait briguer un nouveau mandat, c’est davantage pour resserrer les rangs libéraux et semer la zizanie et la peur dans ceux de l’opposition. Cette déclaration cherche à unifier ses troupes dont il est le seul dénominateur commun, qu’on puisse en penser.
La carte Karim ayant jusqu’ici du mal à passer à l’intérieur du parti comme à l’extérieur, il faut la mettre en veilleuse et en sourdine pour ne pas totalement ruiner ses chances plus que compromises. Le leader auto désigné de la « Génération du concret » n’a pas manqué de saluer l’acte public posé par son géniteur. « Cette candidature est une superbe promesse faite à la jeunesse », a-il commenté dans un communiqué. Une annonce qui sonne, pour lui, comme un répit dans la pression qu’il subit depuis longtemps exacerbée par la sortie du brûlot hivernal des « Contes et mécomptes de l’Anoci » du journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly. L’attention sera momentanément tournée vers cette énième bravade du baroudeur Wade qui devance l’opposition appelée à se choisir également un candidat pour répondre au challenge démesuré d’Abdoulaye Wade. Un défi sous forme de piège parce que Benno Siggil Sénégal pour relever cet affront risque de s’étriper autour de la « nécessaire » candidature unique. Au bout du compte, elle se déchirera et n’aura pas le résultat escompté. On rétorquera à cette opposition qu’elle est incapable de transcender ses divergences et de s’unir donc inapte à réclamer le leadership national. Logique simplement formelle. La coalition de l’opposition doit se mettre à l’esprit qu’elle ne peut avoir un candidat unique. C’est un vœu pieu qui ne repose sur aucune réalité. Les partisans de Moustapha Niasse s’aligneraient difficilement au premier tour derrière Ousmane Tanor Dieng qu’ils accusent d’avoir précipité le départ de leur leader du Ps au pouvoir avant 2000. Idem, ceux de Tanor n’oublieront pas facilement que Niasse a décisivement contribué à leur faire perdre le pouvoir au profit de Wade. Les sorties musclées et croisées des jeunesses socialistes et progressistes (Barthélemy Dias et Mbaye Dione notamment) ont fini de réveiller les utopistes de leurs illusions simplistes. Ils avançaient comme argument commode l’ « union » aux locales pour faire le deuil des divergences. Les élections locales, ce sont plusieurs sièges tandis que la présidentielle, c’est un seul et unique fauteuil. Les expériences de la Ca 2000 et du Fal sont encore fraîches. Wade a congédié quasiment tous les alliés qui l’avaient aidé à accéder au pouvoir. Aucun leader ne va sacrifier ses ambitions sur l’autel d’un altruisme béat. Le parti de Macky Sall a déjà annoncé les couleurs en prônant les candidatures multiples parce que convaincu qu’il ne sera pas choisi, au nom de l’opposition, pour briguer les suffrages du peuple. Sa rupture récente avec Wade n’est pas un gage suffisant pour lui permettre de commander des troupes qui contiennent Tanor, Niasse, Bathily, Dansokho, Madior, Bamba Dièye…La politique, c’est l’art du réel, disait Djibo Kâ. Le stratège Wade joue ainsi sur cette divisibilité de l’opposition en direction des prochaines échéances qu’il peut anticiper le moment où il estimera que ses adversaires sont suffisamment éparpillés et son camp optimalement uni pour attaquer la dévolution du pouvoir. Il se présenterait comme il pourrait laisser la place à son Karim Wade, « meilleur expert financier africain » ou un Idrissa Seck, redevenu « jardinier de ses rêves ». L’objectif étant pour l’octogénaire, bien entendu, de perpétuer le régime libéral et de couvrir sa sortie. L’agitation de la suppression du second tour n’est ni fortuite ni gratuite. Sa mise en œuvre assurerait de meilleures chances au candidat sortant ou à son protégé. L’expérience a montré que ce dernier n’est quasiment jamais devancé au premier tour. Le Chef de l’Etat en sait quelque chose. N’eut été le second tour, il ne serait pas élu en 2000. Abdou Diouf l’avait distancé de dix points au premier tour avant qu’il ne rattrape son retard au second .Son maintien est la clé de la prochaine élection présidentielle. Abdoulaye SYLLA syllaye@gmail.com
Que faut-il faire pour contenir l’accès de fièvre qui s’est littéralement emparé de notre classe politique, ces derniers jours ? Réponse difficile. On dirait que 2012, c’est demain la veille ! Les lancinantes attentes populaires aux plans social et économique peuvent encore garder leur mal en patience. Elles passent après les agendas politiques et même après la situation dans les deux Guinée. Bissau et Conakry où le président s’est récemment rendu désertant une bonne partie du pays qui vit sous les eaux stagnantes, verdâtres, propices aux épidémies et tuantes.
Depuis le retour de vacances du président Wade, les hommes et femmes politiques de notre pays sont piqués au vif par une montée soudaine d’adrénaline. Son bord politique jadis liquéfié par les révélations dérangeantes du livre d’Abdou Latif Coulibaly semble se réveiller, comme par enchantement, de sa torpeur hivernale aggravée par les inondations et les coupures intempestives de courant. C’est le branle-bas de combat entre audiences crépusculaires, sorties courroucées d’ex-égéries libérales, suppression théorisée du second tour et candidature plus surprenante que « nécessaire » du leader du Sopi. C’est la grande battue pour conserver un pouvoir qui menace de filer entre des doigts jugés « inexperts ». Du côté de l’opposition, requinquée par l’incurie dans la gestion des intempéries et de l’approvisionnement électrique préférés à des monuments somptuaires, on n’est pas en reste. Quand on n’exige pas le départ illico presto du Chef de l’Etat pour « incompétence notoire » ou « abandon de poste », on réclame à tout le moins qu’il organise des élections anticipées pour « abréger les souffrances » d’un peuple en danger et non assisté. Mais les aspirants au pouvoir ne s’accordent pas encore sur les voies et moyens d’aller au prochain scrutin pour s’assurer de la victoire sur le camp libéral. 2012 vaut donc toutes les batailles et autorise tous les arguments y compris les plus simplistes. C’est ainsi qu’on a pu entendre de la bouche du ministre de l’Education Kalidou Diallo que Wade doit faire 19 ans au pouvoir au même titre que Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf. Comparaison déraisonnable. Quand ils accédaient au pouvoir, le premier avait 54 ans (1906-1960) et le second (1935-1981) totalisait à peine 46 alors que leur successeur Wade (1926-2000) en avait 74. En 2012, il en aura 86 et 93 à la fin de son mandat s’il venait à être élu. C’est une mauvaise leçon que le professeur d’histoire a voulu seriner à l’opinion publique. Il faut vraiment avoir de la pitié pour Wade en lui évitant un combat de trop plus qu’hypothétique. Senghor avait l’habitude de dire avec ironie : « il ne faut pas racler l’écuelle du pouvoir ». Il s’est appliqué sa propre maxime ignorée par Diouf qui a été sorti contre sa volonté du pouvoir. Heureusement qu’il a su prendre de la hauteur en restituant pacifiquement le pouvoir. Si le Pds et ses alliés s’accrochent comme une bouée de sauvetage à la candidature problématique de Wade, c’est que les pistes agitées (Karim et Idy) ont fait l’objet, soit de rejet, soit de consensus impossible. Il devient ainsi un candidat par défaut pour espérer garde le pouvoir. L’opposition n’est pas, elle aussi, à l’abri d’un désarroi existentiel. Malgré son coup d’essai réussi aux locales de mars 2009, elle a du mal à accorder ses violons pour 2012 au regard des fortes ambitions affichées ça et là. Certains prônent la candidature unique alors que d’autres plaident pour les présentations multiples afin de ratisser large. Chacun croit à sa bonne étoile et à son destin présidentiel comme, du reste, au Gabon. La pléthore de candidats pensaient, chacun en ce qui le concerne, être l’homme ou la femme providentiel, seul digne de succéder au « doyen » Bongo au Palais du bord de mer. On connaît la suite. Abdoulaye SYLLA syllaye@gmail.com
La responsable politique du PDS de Diourbel et député, Aminata Tall
Nos confrères de l’Observateur nous ont gratifié ce mercredi de ce que dans le jargon de la presse on appelle un scoop. Ce n’est une mince affaire que de décrocher une grande interview avec une femme politique de la trempe d’Aminata Tall, surtout quand celle-ci s’est emmurée dans un silence énigmatique depuis presque trois ans. Un entretien riche en enseignements dont le premier est le suivant : la pasionaria du PDS est très fâchée d’où ce coup de gueule dans l’Observateur qui doit lui faire beaucoup de bien. Elle a vidé tout ce qu’elle avait gardé dans son cœur. Elle avait bien des choses à dire et a beaucoup réfléchi, en choisissant bien son moment et ses mots, avant de se lâcher.
L’entretien est agréable et à lire et la dame fait étalage de sa science avec une rhétorique agrémentée de référence aussi bien philosophique qu’historique, où elle cite pêle-mêle le pape Pie XI, Antonio Gramsci, Alexis de Tocqueville, Margaret Thatcher, Martin Luther King et Barack Obama. Tout cela pour une seule chose : extérioriser une rancœur. Une rancœur tenace qui explique la virulence des propos de l’ex maire de Diourbel à l’égard de celui qui est encore son chef de parti. Des propos qui n’ont rien à envier aux attaques d’un Moustapha Niasse, Amath Dansokho ou autre Ousmane Tanor Dieng. Elle a tenu des propos d’opposants critiquant tous les actes posés dernièrement par Me Abdoulaye Wade. Les vacances du Président, le monument de la renaissance, l’ANOCI, le MCA, rien tout cela ne trouve grâce à ses yeux. Aminata Tall en veut à Me Abdoulaye Wade. C’est la conclusion à laquelle on aboutit en terminant de lire l’entretien qu’elle a accordé à l’Observateur. «Le mal du PDS, c’est Abdoulaye Wade», déclare celle à qui nos confrères font dire que le pape du sopi est «machiavélique». Il lui a fallu plus de vingt ans de compagnonnage et presque trois années de réflexion pour découvrir le vrai visage de Me Abdoulaye Wade. Elle en a mis du temps, est-on tenté de se dire. La vérité, c’est que les motivations d’Aminata Tall sont autres. Quand bien même ce qu’elle dit est vrai, pourquoi lui a-t-il fallu tout ce temps pour se rendre compte que l’homme qu’elle a servi avec tant d’abnégation pendant toutes ces années est diabolique ? Ce qu’il y a, c’est qu’elle se cherche des raisons acceptables de quitter ce qu’elle appelle «un navire sans boussole». Un navire qui prend l’eau de toute part. Et comme on dit, dans pareille circonstance, les rats quittent. Aminata Tall ne le dit pas explicitement, elle suggère en fait qu’Abdoulaye Wade lui a fait des promesses qu’il n’a pas tenues. Cela pourrait donc expliquer entre autres raisons, sa colère. Et à chaque fois, la chanson est toujours la même. Avant-hier, c’était Idrissa Seck, hier Maky Sall, aujourd’hui c’est Aminata Tall. Trois responsables libéraux qui se croyaient incontournables au Parti démocratique sénégalais et tombés subitement en disgrâce. Autrefois serviteurs zélés du maître, ils se rendent subitement compte qu’il est infréquentable et qu’il est la source de tous les malheurs du Sénégal. C’est dire que leurs critiques à l’encontre d’Abdoulaye Wade, aussi fondées qu’elles puissent être, manquent de crédit et d’honnêteté. On ne peut s’empêcher de se demander (ou de leur demander) s’ils étaient encore tous les trois aux affaires avec tous les honneurs qu’ils croient être de leur rang, ils auraient eu l’attitude qu’ils ont aujourd’hui ? Ce n’est donc pas faux qu’en politique, les postures expliquent les prises de position. Aminata Tall est donc la dernière déçue de l’Alternance qui tente de prendre ses responsabilités et trace sa voie. Et elle n’hésite pas à tendre la main à Idrissa Seck et à Macky Sall, quitte à passer l’éponge sur les différends qui l’avaient opposés aux deux anciens Premiers ministres. Mais, elle hésite encore à couper définitivement les ponts avec son maître. Elle aimerait bien que ce dernier la retienne. Ces dernières sorties fracassantes, sous forme d’attaques virulentes, sont en réalité des appels du pied à Me Abdoulaye Wade, du genre «retiens moi sinon je m’en vais». Et elle finira bien par s’en aller, parce qu’apparemment, elle ne fait plus partie des plans du chef de l’Etat dans la nouvelle orientation qu’il veut donner à son action politique. Une pilule amère qu’Aminata Tall a bien du mal à avaler. Elle aurait bien aimé être à la place d’une Awa Ndiaye ou d’une Innocence Ntap Ndiaye. Il faut même reconnaître que les caprices de cette grande dame, sous fond de menaces sont de nature à exaspérer Me Abdoulaye Wade qui semble être résolu à ne pas réagir face à son petit jeu pour voir ce qu’elle peut bien faire. L’alternative qui s’offre à elle est bien simple : rester dans au PDS et continuer à avaler des couleuvres – ce qu’elle semble ne plus être disposée à faire – ou claquer la porte pour aller garnir les rangs de l’opposition – ce qu’elle hésite encore à faire. Samba Dialimpa BADJI Rédacteur en Chef Océan FM www.oceanfm.sn
Beaucoup de Sénégalais suivaient particulièrement l’élection présidentielle gabonaise. Cet intérêt accru était en réalité, au-delà des similitudes linguistiques et monétaires partagées, par la mise à l’épreuve du fils du défunt chef de l’Etat Oumar Bongo Ondimba.
La tournure et l’issue de ce scrutin ne pouvaient laisser indifférent au Sénégal où le même scénario est envisageable à la lecture des actes posés depuis quelques années. Aujourd’hui, certains se disent que si ça a marché au Gabon, au Togo et en RDC, ça va certainement encore donner des idées chez nous où la même intention est alléguée ou avérée. Avec Joseph Kabila, Faure Eyadema et aujourd’hui Ali Bongo, un processus de dévolution dynastique du pouvoir s’installe en Afrique faisant peser une hypothèque sur une démocratie encore balbutiante. Le syndrome est d’autant plus pernicieux qu’il se drape de tous les atours formels du système démocratique. Les successeurs se font adouber lors d’élections jugées régulières par des instances nationales et internationales. Ce qui ôte, de fait, tout crédit aux contestataires considérés comme de mauvais perdants après la sanction dite populaire. Si le dossier gabonais est intéressant pour les Sénégalais, c’est parce qu’il ressemble à s’y méprendre au schéma en cours. L’intéressé est préparé aux plus hautes fonctions par des moyens institutionnels et matériels qui font de lui, le moment venu, le candidat idéal et quasiment imbattable. De même, l’agitation de la suppression du second tour au Sénégal n’est pas anodine en ce sens qu’elle tente de simplifier, comme au Gabon où il n’existe qu’un seul tour, une réalité et des règles d’élections plutôt complexes. La position floue et fluctuante du PR (père) sur la question renseigne également sur la profondeur de la stratégie utilisée. Sans l’air d’y toucher, Oumar Bongo mettait en selle son protégé. « Quand je m’en irai, si mon fils veut faire de la politique, ce sera à lui de se débrouiller, de se faire élire au suffrage universel», disait- il dans Jeune Afrique en 2005 alors qu’il lui avait ouvert un boulevard vers le Palais du bord de mer ! Les présidents se défendent, souvent, de vouloir se faire succéder par leurs enfants mais les aiguillonnent dans ce sens. Au Sénégal, les dénégations ne sont pas aussi absentes. Mais la place accordée au fils du chef de l’Etat, dont Jeune Afrique dit qu’il est très proche de l’héritier présidentiel Ali Bongo, corrobore la tentation du sommet. Conseiller spécial, Président Anoci et Ministre d’Etat. Ce n’est pas une trajectoire gratuite. Sauf que comparaison n’est pas forcément raison. Les élections locales du 22 mars qui ont été fatales à des ambitions royales ont montré que tout n’était pas permis. Cependant, il ne faut pas se leurrer en oubliant la force manœuvrière du président Wade. Il n’a pas l’habitude de lâcher prise à la première escarmouche. S’il veut réellement être remplacé par son « bout de bois de Dieu », il n’en démordra pas facilement. Que ses adversaires et contempteurs se le tiennent pour dit. Les « contes et mécomptes » des délestages, des inondations ou de l’insécurité peuvent être des tirs de barrages qu’il essuie pour reprendre la guerre et protéger ses arrières. On n’est pas opposant en 26 ans pour rien. Time will tell ! Abdoulaye SYLLA syllaye@gmail.com |
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