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Chronique
Destin tragique pour les deux frères ennemis de AJ/PADS
Ainsi donc Me Abdoulaye Wade a tranché, si tant est que c’est à lui de trancher ce débat.
Mamadou Diop Decroix est le secrétaire général d’And Jëf/Pads. Le patron du Parti Démocratique Sénégalais, lui a adressé une lettre pour le féliciter d’avoir été porté à la tête de AJ. Le message est simple et clair. Me Abdoulaye Wade ne reconnait qu’un seul et unique And Jëf/PADS, et ne lui reconnait qu’un seul et unique secrétaire général, Mamadou Diop Decroix. Une position pas du tout surprenante, puisque Wade n’a jamais caché sa préférence pour son ancien ministre du commerce, dans le bras de fer qui l’oppose à Landing Savané. Préférence assimilée à de la complicité par Landing qui avait d’ailleurs accusé son ex-adjoint d’être un pion du patron du PDS pour détruire AJ. En tout cas, les autorités n’avaient pas hésité à faire reporter la finale de la coupe du Sénégal de basketball pour permettre à Decroix de tenir son congrès au stadium Marius Ndiaye. Quoi qu’il en soit, Landing Savané et Mamadou Diop Decroix ont choisi chacun son camp. Decroix part avec Wade tandis que Landing Savané rejoint le camp de l’opposition, en prenant le train des Assises nationales à la gare, non au départ mais à l’arrivée. Une séparation sur fond de tragi-comédie, assez symptomatique du destin dramatique de leur parti, qui, pendant longtemps, a été l’un des rares dans ce pays à faire de la politique de manière respectable. Un parti pour qui, éthique et morale avaient toute leur place en politique, un parti dont les animateurs, encore dans la clandestinité, théorisaient le concept : «Défar ba mu baax, askan wi tekki» (Bien faire ou construire pour l’intérêt du peuple). Entre temps les responsables de And Jëf/PADS, goûtant aux délices du pouvoir qu’ils venaient de découvrir, ont très vite oublié les années de privation dans la clandestinité d’abord et dans l’opposition ensuite. Ils ont aussi oublié leurs grands idéaux de l’époque «reeni rewmi», «xarébi», et autres mouvements dans lesquels ils se battaient, pour un Sénégal meilleur, au péril de leur liberté, et même de leur vie pour certains. C’est à croire que comme le disait Amadou Aly Dieng, «la lutte des places a pris le dessus sur la lutte des classes». C’est pourquoi, quand la LD et le PIT, alliés de AJ dans le pôle de gauche, affirmaient leur indépendance et leur liberté de ton vis-à-vis du PDS, au point de se faire débarquer du gouvernement, And Jëf, prenait sur lui de se montrer très docile en avalant même des couleuvres pour conserver les quelques postes de ministres et de directeurs généraux qui lui étaient attribués pour sa contribution à l’élection de Me Abdoulaye Wade, même si c’est au prix de maintes brimades et humiliations. Au bout du compte, on se rend compte que la participation à la gestion du pouvoir depuis 2000 a été plus dommageable que profitable à And Jëf/PADS. Et le plus grave c’est que Landing, Decroix et leurs camarades n’ont pas eu l’ouverture d’esprit d’en faire le bilan pour en tirer tous les enseignements. Ceux qui ont voulu poser le débat, au sortir de la présidentielle 2007 ont tout simplement été exclus du parti (les initiateurs de Yoonou Askan WI). Il faut tout de même reconnaître que Mamadou Diop Decroix lui-même avait essayé de susciter une réflexion sur les conséquences de la candidature de Landing, mais personne dans le parti n’a eu le courage d’aborder la question de manière lucide. Il faut dire aussi que l’alternative posée par Mamadou Diop Decroix dans un long texte publié à l’époque dans les colonnes du quotidien ‘’Le Soleil’’ ne poussait pas non plus à un grand débat idéologique. Elle se résumait à ceci : «retourner avec Wade ou… retourner avec Wade». Et comme on le sait, là où la force de l’argument ne s’impose pas, c’est souvent l’argument de la force qui l’emporte. Landing et ses proches, soupçonnant Decroix de comploter pour s’emparer du parti et le remettre à Wade, décide de l’exclure avant qu’il ne soit trop tard. Ce dernier n’avait donc d’autre choix que de se battre pour ne pas être enterré vivant, politiquement s’entend. D’où ce duel à mort entre Landing Savané et Mamadou Diop Decroix pour le contrôle de And Jëf/PADS. La scission étant déjà consommée, avec le congrès qui a fait de Decroix un secrétaire général convaincu de sa légitimité et l’autre qui va se tenir en décembre pour confirmer Landing Savané comme secrétaire général. On est, en réalité, en face de deux partis qui portent le même nom. Ce qui va ouvrir forcément un autre combat à la fois juridique et administratif pour le contrôle du sigle, alors que la bataille pour le siège, fermé par les autorités, n’a pas encore livré son verdict. Par un raisonnement par l’absurde, on pourrait penser à cette solution du roi Salomon, quand il devait départager deux femmes qui se disputaient la maternité d’un enfant. Le roi avait décidé de fendre le bébé en deux pour donner une partie à chaque mère. Pour les follistes, ce sera plus simple puisque la scission est déjà constatée, il s’agit seulement de la formaliser en divisant le sigle. And Jëf/Pads, en deux, donnerait, And Jëf pour Landing Savané et Pads pour Mamadou Diop Decroix. On n’en est pas encore là, il est vrai, et un raisonnement par l’absurde ne signifiant pas raisonnement absurde, tout peut arriver. En tout cas, Mamadou Diop Decroix était donc tout fier de brandir la missive du chef de l’Etat, preuve d’une légitimation fort symbolique et qui vaut son pesant d’or dans le bras de fer qui l’oppose à son ancien frère Landing Savané. C’est donc, fort de cette reconnaissance qu’il entend faire un pas en avant, pour parachever ( ?) une réconciliation dont les premiers jalons ont été posés à Touba, devant le khalife général des mourides. Mais ce qui rend intéressante la nouvelle posture de Mamadou Diop Decroix, c’est qu’il tend la main à Landing, non pour reprendre la place qui était la sienne, avant la scission, mais en tant que chef de parti. Autant dire que c’est une main qui restera longtemps tendue, puisque de l’autre côté, on considère que ce qui s’est passé les 12, 13 et 14 juin est un non-congrès et l’élection de Mamadou Diop Decroix comme secrétaire général est nul et non avenue. C’est dire que malgré la bonne volonté affichée par les deux talibés devant leur marabout à Touba, il est peu probable que les deux responsables politiques se retrouvent un jour. Mais comme on dit, en politique, il ne faut jamais dire jamais. Et puis il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. Et c’est justement toute une montagne de problèmes qui sépare aujourd’hui les deux hommes au point que chacun s’agrippe sur son lambeau de ce qui reste du parti, avec son titre de secrétaire général.
En déclinant son discours de politique générale, le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a inutilement sali sa feuille de route. Son adresse à la nation via les représentants du peuple et les canaux d’information, malgré sa longueur, ses insuffisances et ses redites, résonnait avec une forte tonalité de lucidité faisant écho aux cris de détresse citoyens. C’était tout à son honneur et au bonheur de ceux qui lui prêtaient une oreille attentive. Mais ce début d’humilité et de réalisme ambitieux a cédé la place à une suffisance que rien ne justifiait au moment des échanges avec les députés, notamment ceux de l’opposition.
L’évocation des assises nationales ne devait guère susciter l’ire du chef du gouvernement qui devait venir faire une offre de redémarrage à la représentation nationale. Le pays est en panne et a besoin d’une relance. Toutes les énergies doivent y contribuer, y compris celles issues des assises organisées par des acteurs de l’opposition et de la société civile. Cela est d’autant plus évident que le Premier ministre a été désigné par le leader de son camp pour conduire les discussions préliminaires du dialogue politique. Un dialogue qui se veut sincère n’est pas un assemblage de monologues guerriers. Quand on initie un projet dont on est convaincu de la pertinence, on ne doit pas créer les conditions objectives de son échec. Ce n’est pas responsable. L’opposition est dans son rôle en déclarant que les assises sont nécessaires pour l’émergence du Sénégal. Le Président avait montré, en recevant le khalife général des mourides, sa disposition à prendre quelques « bonnes idées » de cette réflexion. L’attitude du pouvoir est de dire aux « assisards » de verser cet intrant dans le vase des débats. A charge pour les parties prenantes de démonter la pertinence ou non de chaque proposition. Argument contre argument. Sans question tabou. Si l’intention est de sortir vraiment le Sénégal de l’ornière. Cette posture est plus valeureuse que le jeu de dupes ou le théâtre d’ombres que la classe politique veut servir comme spectacle à ces Sénégalais fatigués d’être Sénégalais pour reprendre le juste propos du député libéral amadou Ndiaye Lô. Le risque est grand pour la période qui nous sépare de la présidentielle prévue en 2012 de voir la classe politique transformer notre pays en un vaste champ de batailles. C’est plus qu’habituel, les moments préélectoraux sont source accrue de tension et ceux post-électoraux explosifs. Les exemples sont légion, surtout en Afrique. D’où la nécessité de construire des consensus minimaux dynamiques. L’équilibre précaire de nos nations y gagne. Cela est urgent d’autant plus que les appétits s’aiguisent et se manifestent de jour en jour en direction de la future consultation électorale. Cette échéance risque d’être inédite, en ce sens qu’elle pourrait être la seule élection depuis 1960 où le président sortant ne sera pas candidat à sa propre succession. Les jeux ont de fortes chances d’être plus ouverts. Nonobstant la faible barrière constitutionnelle, il est très peu probable et ce serait inélégant que le Président Abdoulaye Wade, qui sera âgé de 86 ans, envisage de rempiler à la tête de l’Etat. Il lui incombe donc de réussir sa sortie par une dévolution transparente et apaisée du pouvoir afin de laisser une trace honorable à la postérité. Cela vaut mieux que tous les festivals, monuments, ponts, tunnels et routes. Le Premier ministre, dans son discours, a parlé de proximité, de pragmatisme et de performance comme le triptyque de son action. Joli tout cela. Mais le discours et certains actes de défiance qui continuent d’être posés ( Conseil économique et social, Vice-présidence, boulimie foncière au sommet, indifférence aux revendications des travailleurs, affaire Bara Tall/JLS…) pourraient transformer ces trois P en trois E : éloignement, esquive et échec. Eloignement par rapport aux attentes des populations, esquive par rapport à la dure réalité et échec des projets et initiatives. Un véritable gâchis. Il y a deux mois, nous parlions de gouvernement outsider pour qualifier l’attelage du sixième Premier ministre de Me Wade, si l’on n’y prend garde, il risque d’être tout simplement un gouvernement tocard au grand dam du peuple sénégalais qui est appelé à faire un pari gagnant sur l’avenir. On change un cheval qui ne gagne pas.
Dans l’entre deux tours de la présidentielle 2000, Me Wade, face au refus d’Abdou Diouf de débattre avec lui à la télévision nationale, ne s’est pas privé de se présenter dans les locaux de la Rts, pour prendre à témoin l’opinion que son adversaire s’est débiné. Nous étions en campagne électorale, et Wade a pu marquer les esprits des électeurs, par ce grand coup médiatique.
Aspirant à être le parfait héritier de son père, Karim Wade a sans nul doute pensé rééditer le coup médiatique de Me Wade. Sauf que les circonstances et les contextes ne sont pas les mêmes. Et puis, à vrai dire l’approche du leader de la Génération du Concret relève plus de la tactique du lutteur que de la stratégie politique. En effet dimanche dernier, le paysage politique sénégalais a encore plus mérité son surnom d’arène politique. Et si dans la lutte, n’importe qui peut défier tout le monde, ce n’est pas tout le monde qui accepte de lutter avec n’importe qui. C’est peut-être le message qu’Ousmane Tanor Dieng a voulu envoyer à Karim Wade en n’accordant aucun intérêt à son invitation à débattre sur la gestion des deux sommets de l’Oci en 1991, organisé par les socialistes et 2008, géré par Karim Wade lui-même. Comme un lutteur, il a tenu à ce que son défi soit entendu et vu par le plus de personnes possibles. Donc, une télévision, qui plus est considérée comme la plus regardée des Dakarois (d’après le dernier sondage Adesr) fait l’affaire. Remercier Sidy Lamine Niasse pour le soutien qu’il lui a apporté lors du décès de son épouse, n’était en fait qu’un faux prétexte pour Karim Wade de venir lancer son défi à Ousmane Tanor Dieng devant les caméras de Walf Tv. Face à l’effet buzz, à l’ampleur inattendue, de sa déclaration, Karim Wade, pris à son propre jeu ne pouvait que relever tout seul le défi qu’il a lancé à Ousmane Tanor Dieng. Ainsi comme un lutteur, il s’est présenté dimanche dans les locaux de Walf Tv, entouré de son staff (on aurait pu dire son écurie), il a fait sa démonstration (bakk), et il est reparti sous les hourras de ses supporters, fêtant une victoire que leur champion a remportée sans avoir combattu. C’est qu’il ne devait même pas y avoir de combat puisque l’un des combattants n’a même pas eu l’opportunité de discuter du principe même de ce duel. Seulement, il a fallu que des journalistes de la télévision « la plus suivie » de Dakar acceptent d’être les dindons d’une farce au goût douteux, pour nous servir un spectacle où il était difficile de faire la différence entre le burlesque et le ridicule. Et l’ironie du sort a voulu que ce soit un journaliste sportif et une autre connue pour ses émissions plus folkloriques qu’informatives (Ataya, Sortie) qui furent choisis pour animer ce qui devait être un grand débat, dans lequel devaient s’affronter, quand même, deux ministres d’Etat. C’est dire que Walf Tv avait fait le choix de servir un show et non un débat serein (si par extraordinaire le patron des verts était venu) à ses téléspectateurs. Au fond, Ousmane Tanor Dieng n’a pas eu tort d’avoir méprisé le défi de Karim Wade. Quand on associe un enfant gâté, à qui son père passe tous ses caprices et qui prend le pays pour un gigantesque parc d’attraction ou une grande cour de récréation, et des personnages qui prennent la télévision pour un miroir à grimace, le résultat ne peut qu’être affligeant. Dimanche dernier, les téléspectateurs de Walf Tv ont eu leur gag de l’été. Mais le problème avec les gags, c’est que quand on les rate, cela exaspère. En fait, ce qui intéressait surtout Karim Wade ce jour là, c’était de marquer un grand coup médiatique, face aux attaques multiples dont il fait l’objet et devant le retour d’Idrissa Seck au devant de la scène médiatique. En effet depuis quelques jours, la presse n’en a que pour Idrissa Seck, avec les pourparlers pour la finalisation de son retour au Pds, mais surtout le rôle important qu’on lui prête dans la mise en place du futur grand parti présidentiel. Karim Wade n’avait donc pas d’autres choix que de tenter un coup d’éclat pour attirer à nouveau l’attention sur sa personne. En se donnant en spectacle le dimanche, il espérait faire la Une de tous les journaux lundi matin. Mais son seul mérite a été de ravir, quelque peu, la vedette à Papa Sow et Bathie Séras qui, eux, luttaient pour de vrai le même jour au Stade Demba Diop. L’autre obsession de Karim Wade, c’est faire taire tous ceux qui lui reprochent de ne pas avoir l’étoffe d’un homme politique. Et à ses yeux, s’attaquer à Ousmane Tanor Dieng, qui incarne presque le rôle de l’opposant le plus significatif, étant le chef du plus grand parti politique du pays, lui donnerait d’office la carrure d’un acteur politique de premier plan. D’où cette bravade habillée du manteau de la témérité de celui qui sait que la personne qu’il défie n’accordera aucune attention à sa provocation. Maintenant la grande question c’est de savoir si un média sérieux peut se permettre d’annuler son plus grand rendez-vous d’information, tout en étant sûr que l’émission programmée à sa place, aussi spéciale soit elle, n’aura jamais lieu ? En effet, aussi bien Karim Wade que les journalistes de Walf Tv savaient qu’Ousmane Tanor Dieng ne viendrait pas à ce débat. Karim Wade le savait parce qu’il était le seul à prendre au sérieux son défi, les journalistes de Walf Tv le savaient aussi parce qu’ils n’ont pas réussi à entrer en contact avec Ousmane Tanor Dieng pour « l’inviter » au débat imposé par Karim Wade. Ministre d’Etat, ministre de la coopération internationale, de l’aménagement du territoire, des transports aériens et des infrastructures. En principe, avec un tel intitulé, cela fait beaucoup de travail. Apparemment pas, puisque Karim Wade trouve le temps de s’amuser. En voulant marquer un grand coup politico-médiatique, il est tout simplement passé pour un plaisantin.
La statue qui est en train de s’ériger sur les mamelles de Ngor symbolise, inconsciemment, l’image actuelle du Sénégal.
La construction controversée de cet édifice estimé à plus de 12 milliards, suite à un troc d’Etat, renseigne à souhait sur la désinvolture qui caractérise notre mode actuel de gouvernance. Ce monument constitué d’un homme (Père), d’une femme (Mère) et d’un fils (Enfant), PME en sigle, est hallucinant en matière de signes qu’il renvoie. La statue qui s’élève à plus de cinquante mètres au sommet de ce volcan éteint projette, à s’y méprendre, quasiment la même image au sommet de l’Etat du Sénégal. Une famille est au centre des affaires publiques. Avec un père, hyper président, constante absolue, comme l’appellent ses variables de partisans. Une mère, trop active dans l’éducation et la santé, qui a même réussi la prouesse, en tant que « Madame la Présidente », de se faire représenter à une manifestation par le Premier ministre himself. Et un fils, super ministre d’Etat qui gère des attributions sectorielles et transversales extrêmement larges qui ne font, en réalité, que formaliser ses charges déjà onéreuses à l’ANOCI. Sa dernière sortie vaudevillesque ce week-end à Walfadjri Tv a fini de convaincre les plus sceptiques de sa volonté de puissance. Une visite de courtoisie pour remercier Walfadjri de son soutien à l’organisation du sommet de l’Oci, qu’il avait ostensiblement boycotté pour ostracisme, qui se mue contre toute attente en défi lancé à Ousmane Tanor Dieng à venir débattre. Et c’est cet invité spécial qui fixe l’heure, le jour, le lieu, le format et même les personnes qui devaient assister ou non à ce débat, mystifiant du coup ses interlocuteurs de journalistes censés être critiques envers tout détenteur de pouvoir. Pis, la rue du Front de terre était aussi barrée et interdite à la circulation comme s’il s’agissait d’assurer la sécurité d’un Président de la République. C’était la totale. Le Sénégal d’en haut doit donc se reprendre de son népotisme au risque de s’enfoncer davantage, politiquement, économiquement et socialement, dans le creux de la vague du fait de décisions et comportements rétrogrades que reflète, disions-nous, cette statue PME. Une statue PME parallèle à notre statut peu envié de PMA (pays moins avancé), de PME tout simplement : une Petite et Médiocre Economie. Aujourd’hui, presque tous les signaux et indicateurs socio-économiques sont au rouge. Même la très officielle DPEE (Direction de la Prévision et des Etudes Economiques) n’a pu retenir son souffle pour tirer la sonnette d’alarme devant les dangers qui guettent le pays. Elle annonce une croissance qui atteindra difficilement 2% au lieu des 5% attendus et des risques de remous sociaux sous l’effet continu de la crise aiguë. Comment peut-on dans ce contexte de récession avoir la petite et ingénue idée d’engager des dépenses aussi somptuaires qu’indécentes. Le report annoncé du Fesman ne doit être qu’une étape, il faut aussi renoncer à cette statue et à toutes les dépenses non prioritaires. Il est urgent de descendre de notre piédestal imaginaire taillé sur le grandiloquent pour nous établir solidement sur la réalité. Cet appel s’adresse également au cinquième Premier ministre du régime actuel. Souleymane Ndéné Ndiaye doit s’atteler à cet exercice dans son discours de politique générale. Refuser la politique de l’autruche et engager une relance lucide. S’il ne le fait pas, il discourra de politique généralement sans impact réel sur le vécu et le devenir de ses concitoyens fatigués. Mais encore faudrait-il que l’ambitieuse famille présidentielle lui laisse les coudées franches. Terminons par cet avis provisoire venu d’Abidjan : « Je souhaite juste être député. Un président par famille et par siècle, c’est suffisant », dit Michel Koudou Gbagbo, fils du président ivoirien. En attendant la montée au sommet de l’appétit ! Abdoulaye SYLLA syllaye@gmail.com
Le chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade initiateur du FESMAN et d'autres grands projets pour la postérité
Tout d’abord cette remarque assez renversante d’un ami sur la polémique autour du report ou non du Festival mondial des arts nègres (FESMAN) jusqu’en 2011. Il dit ceci : « Si c’est le ministre de l’Information qui a démenti, c’est donc vrai que le Fesman sera reporté ». Pris au premier degré, ce commentaire prête à sourire, mais il est aussi révélateur de cette propension que nos officiels ont à nous servir des démentis qui se révèlent être en fait des confirmations à retardement. On se rappelle encore la sortie du prédécesseur de Moustapha Guirassy, Aziz Sow, sur les émeutes de Kédougou.
C’est dire donc que c’est le flou artistique (c’est sans jeu de mots avec le Fesman) qui est entretenu au sujet de la tenue de ce grand évènement culturel en décembre. A moins que Me Wade, qui a suggéré le report, par un lapsus forcément révélateur, ne soit en train de chercher le bon moment et le bon prétexte pour annoncer la décision de renvoyer le Fesman jusqu’en 2011. Au cas échéant, ce sera le quatrième renvoi d’un évènement culturel, présenté comme grandiose et que les Sénégalais ont du mal à s’approprier. Le chef de l’Etat lui-même en avait fait la remarque aux organisateurs lors d’un Conseil interministériel le 9 juin dernier. Mais les Sénégalais ont-ils vraiment la tête à faire la fête en ce moment? Entre la hausse des factures d’une électricité qu’ils ont à peine consommée, les inondations, la crise chronique dans le secteur de l’éducation, ils ont certainement mieux à faire. Et puis à quoi va vraiment servir un Festival mondial des arts nègres dans un pays où la culture est en hibernation. Le pays ne compte plus de salles de cinéma fonctionnelles, la dernière rencontre cinématographique tenue à Dakar remonte à au moins 10 ans, les écrivains ont même oublié quand est-ce qu’a été attribué pour la dernière fois le Grand Prix du chef de l’Etat pour les Lettres, itou pour celui pour les Arts. Il n’y a, en réalité, plus aucune infrastructure culturelle digne de ce nom au Sénégal. La musique, les arts plastiques, le théâtre, entre autres, sont tous dans un état indigne d’un pays qui fut jadis une référence dans tous ces domaines. Si le Fesman doit permettre de raviver la culture sénégalaise, alors tant mieux. Mais encore faudrait-il réussir le pari de l’organisation. Et la polémique qui est née entre les artistes en ce qui concerne le Fesman Tour, qui vise à détecter les jeunes talents qui doivent participer au festival (à 5 mois de l’évènement ?) ne rassure guère. Cela dit, l’idée du report n’est pas une simple vue de l’esprit et cela fait même plusieurs semaines maintenant qu’elle est agitée. Mais tant que ce n’était que des acteurs culturels, comme Ely Charles Moreau, qui le demandaient par presse interposée, on pouvait penser qu’il s’agit de quelques mécontents, frustrés de ne pas se sentir suffisamment impliqués dans l’organisation de ce qui se veut un grand rendez-vous culturel de l’Afrique et de sa Diaspora. Mais quand c’est l’architecte conseil du Président de la République, Pierre Goudiaby Atépa, en personne qui enfonce le clou mettant même en doute la capacité, des personnes à qui on a confié l’organisation du Fesman, à mettre en œuvre un évènement d’une telle envergure, on se dit que la messe est dite. Pour Pierre Goudiaby, en effet, Wade ne peut se permettre de rater son festival, et le reporter à 2011, c’est se donner plus de temps et plus de chance d’en faire un succès éclatant, pour permettre à Me Wade, qui doit quitter le pouvoir en 2012 (C’est Atépa qui le dit dans une interview accordée au journal Le Quotidien), de partir par la grande porte. Un argument qui a sans nul doute convaincu le Président de la République. Me Abdoulaye Wade sait qu’il ne restera pas à la tête du Sénégal aussi longtemps que Senghor et Diouf, qui ont chacun fait 20 ans. Alors, il ne lui reste plus qu’à laisser à la postérité des traces de son passage. D’où toutes ses œuvres que le temps aura du mal à effacer. La Porte du Millénaire, le Monument de la Renaissance africaine, la statue Demba et Dupont, l’Aéroport international Blaise Diagne, projets grandioses, parfois fantaisistes, tout le temps controversés et qui sont autant d’empreintes indélébiles que Wade entend laisser à la postérité comme preuve de son passage à la tête du pays mais aussi comme symbole d’une présidence qui n’est pas et qui ne sera jamais comme les autres. Samba Jalimpa Badji Rédacteur en Chef de la Radio Océan FM |
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