L’Afrique et le Sud ne manquent pas de solutions pour sortir de la crise financière et économique
Je suis pleinement d’accord avec le président de la République dominicaine qui, à l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2008 à New York, affirmait que les citoyens du Sud ne devaient pas faire de la crise une affaire du Nord mais avaient le devoir de participer à la réflexion sur la gouvernance mondiale.
C’est dans cet esprit que j’ai voulu m’adresser en fait à tous les dirigeants du monde sous la forme d’un bouquet de propositions au président élu des Etats-Unis :
Pour moi, l’économie mondiale a besoin d’un leadership qui imprime le sens de l’évolution globale. Les accords de Bretton Woods , en fixant le taux de change de 35 dollars l’once d’or, avaient mis en place un ordre économique mondial autour des Etats-Unis. Assez rapidement, la quantité de dollars due à la limitation des quantités d’or s’est révélée insuffisante pour alimenter un commerce mondial en pleine expansion.
Richard Nixon rompit le lien dollar-or en 1970 permettant ainsi aux Etats-Unis d’émettre des billets sans limitation, c’est-à-dire de s’endetter sans limitation. Toutefois, ce système était indispensable au commerce international.
Suite à la détérioration du dollar, effritant d’autant la confiance dans cette monnaie et l’apparition de nouvelles devises fortes (euros, yens, notamment) jouant aussi bien le rôle d’étalon international, le système est remis en cause, et les Etats-Unis sommés de solder leurs dettes. Problème en apparence insoluble, sauf à reconduire le dollar, sans lien avec l’or, comme monnaie standard du système monétaire international.
Cette option, la plus sage à mon avis pour éviter un chaos, doit être subordonnée à deux conditions : - les Etats-Unis devraient accepter des autres… De soumettre à une discipline monétaire internationale dont les termes restent à définir, - les pays en voie de développement ne devraient pas être abandonnés derrière le système de gouvernance mondiale comme la queue d’une comète. A cet effet nous ferons des propositions.
En conséquence, je pense que le dollar devrait être surévalué par un consensus international ou , du moins, par accord entre les pays à monnaie forte convertible qui acceptent un certain sacrifice destiné à sortir l’économie mondiale de la crise actuelle.
Je n’ignore pas le coût qu’il en résultera pour de nombreux pays dont ceux de la zone euro, mais, en un certain sens, cette surévaluation pourrait être une anticipation de la détérioration de l’euro qui semble inévitable.
Pour éviter d’alourdir le poids des pays débiteurs en dollars, le volume des dettes des gouvernements et des compagnies devrait être allégé dans la même proportion. La différence réduirait ainsi l’inflation et, mieux, pourrait être investie dans le développement.
L’allocation de droits de tirages spéciaux (DTS) par quota pour la constitution du capital du FMI devrait être maintenue, mais pas proportionnellement à la richesse des Etats membres. Elle devrait prendre en considération la dualité de notre monde et, par exemple, attribuer la moitié ou les deux tiers aux pays riches et le complément au tiers-monde. Leur part s’en trouvera améliorée.
Je propose donc un tirage spécial de DTS pour l’Afrique dans le but de financer exclusivement les infrastructures, l’éducation, la santé et les technologies de l’information et de la communication. L’Afrique prendrait en charge elle-même tous les autres secteurs, principalement en s’ouvrant aux capitaux extérieurs et en promouvant l’association entre le secteur public et le secteur privé.
L’une des causes de l’actuelle crise financière, comme cela a été observé dans le cas des Etats-Unis avec la faillite de Lehman Brothers et en France avec les difficultés du Crédit lyonnais et de la Société générale, est l’absence de transparence dans les transactions interbancaires.
Tout en respectant le principe sacro-saint du secret bancaire pour les personnes, on pourrait combiner les deux concepts en imposant aux banques des solutions numériques qui consisteraient à référencer les grandes transactions interbancaires par les Etats, selon des codes sources indiquant les données globales et les rendant accessibles au public, ceci sans violation du secret bancaire.
La fermeture des Bourses pour une période de huit jours pourrait calmer les tensions et éviter que l’instabilité financière ne soit amplifiée par des facteurs psychologiques. L’assistance accordée aux banques est très certainement une bonne politique, mais je suggère aussi que le gouvernement américain aide les acheteurs de maisons qui ont été victimes de la pratique des subprimes en empruntant bien au-delà de la valeur de leurs biens.
Le gouvernement pourrait fixer le maximum de l’endettement des emprunteurs immobiliers à 70 % de la valeur marchande de la maison en payant la différence aux créanciers. Ceci constituerait une aide supplémentaire aux banques. C’est cette mesure de limitation de la capacité d’endettement des ménages qui protège actuellement le Canada de la crise des subprimes qui secoue son grand voisin.
La récurrence des crises peut trouver une solution stratégique en Afrique, grand continent qui pourrait absorber les surplus des fonds spéculatifs largement responsables de l’inflation comme cela a été constaté récemment dans l’augmentation rapide des prix du pétrole et des produits agricoles qui a entraîné une inflation générale transmise vers les pays du Sud. Riche en ressources naturelles et en ressources humaines, l’Afrique pourrait se développer suivant le modèle des Etats-Unis du XIXe siècle. Elle pourrait s’ouvrir aux capitaux privés et aux scientifiques, mais cela suppose que nous ayons le contrôle des leviers économiques à l’intérieur d’une organisation continentale sous la forme d’Etats unis d’Afrique.
L’Afrique devrait se préparer dès maintenant au rôle imminent qu’elle est appelée à jouer, celui d’être la dernière frontière du développement du monde. C’est le bouquet que j’offre au président Barack Obama . Comme n’importe quel bouquet, il peut y avoir une épine. Si tel est le cas, on l’enlève et le bouquet restera aussi beau.
Je suis pleinement d’accord avec le président de la République dominicaine qui, à l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2008 à New York, affirmait que les citoyens du Sud ne devaient pas faire de la crise une affaire du Nord mais avaient le devoir de participer à la réflexion sur la gouvernance mondiale.
C’est dans cet esprit que j’ai voulu m’adresser en fait à tous les dirigeants du monde sous la forme d’un bouquet de propositions au président élu des Etats-Unis :
Pour moi, l’économie mondiale a besoin d’un leadership qui imprime le sens de l’évolution globale. Les accords de Bretton Woods , en fixant le taux de change de 35 dollars l’once d’or, avaient mis en place un ordre économique mondial autour des Etats-Unis. Assez rapidement, la quantité de dollars due à la limitation des quantités d’or s’est révélée insuffisante pour alimenter un commerce mondial en pleine expansion.
Richard Nixon rompit le lien dollar-or en 1970 permettant ainsi aux Etats-Unis d’émettre des billets sans limitation, c’est-à-dire de s’endetter sans limitation. Toutefois, ce système était indispensable au commerce international.
Suite à la détérioration du dollar, effritant d’autant la confiance dans cette monnaie et l’apparition de nouvelles devises fortes (euros, yens, notamment) jouant aussi bien le rôle d’étalon international, le système est remis en cause, et les Etats-Unis sommés de solder leurs dettes. Problème en apparence insoluble, sauf à reconduire le dollar, sans lien avec l’or, comme monnaie standard du système monétaire international.
Cette option, la plus sage à mon avis pour éviter un chaos, doit être subordonnée à deux conditions : - les Etats-Unis devraient accepter des autres… De soumettre à une discipline monétaire internationale dont les termes restent à définir, - les pays en voie de développement ne devraient pas être abandonnés derrière le système de gouvernance mondiale comme la queue d’une comète. A cet effet nous ferons des propositions.
En conséquence, je pense que le dollar devrait être surévalué par un consensus international ou , du moins, par accord entre les pays à monnaie forte convertible qui acceptent un certain sacrifice destiné à sortir l’économie mondiale de la crise actuelle.
Je n’ignore pas le coût qu’il en résultera pour de nombreux pays dont ceux de la zone euro, mais, en un certain sens, cette surévaluation pourrait être une anticipation de la détérioration de l’euro qui semble inévitable.
Pour éviter d’alourdir le poids des pays débiteurs en dollars, le volume des dettes des gouvernements et des compagnies devrait être allégé dans la même proportion. La différence réduirait ainsi l’inflation et, mieux, pourrait être investie dans le développement.
L’allocation de droits de tirages spéciaux (DTS) par quota pour la constitution du capital du FMI devrait être maintenue, mais pas proportionnellement à la richesse des Etats membres. Elle devrait prendre en considération la dualité de notre monde et, par exemple, attribuer la moitié ou les deux tiers aux pays riches et le complément au tiers-monde. Leur part s’en trouvera améliorée.
Je propose donc un tirage spécial de DTS pour l’Afrique dans le but de financer exclusivement les infrastructures, l’éducation, la santé et les technologies de l’information et de la communication. L’Afrique prendrait en charge elle-même tous les autres secteurs, principalement en s’ouvrant aux capitaux extérieurs et en promouvant l’association entre le secteur public et le secteur privé.
L’une des causes de l’actuelle crise financière, comme cela a été observé dans le cas des Etats-Unis avec la faillite de Lehman Brothers et en France avec les difficultés du Crédit lyonnais et de la Société générale, est l’absence de transparence dans les transactions interbancaires.
Tout en respectant le principe sacro-saint du secret bancaire pour les personnes, on pourrait combiner les deux concepts en imposant aux banques des solutions numériques qui consisteraient à référencer les grandes transactions interbancaires par les Etats, selon des codes sources indiquant les données globales et les rendant accessibles au public, ceci sans violation du secret bancaire.
La fermeture des Bourses pour une période de huit jours pourrait calmer les tensions et éviter que l’instabilité financière ne soit amplifiée par des facteurs psychologiques. L’assistance accordée aux banques est très certainement une bonne politique, mais je suggère aussi que le gouvernement américain aide les acheteurs de maisons qui ont été victimes de la pratique des subprimes en empruntant bien au-delà de la valeur de leurs biens.
Le gouvernement pourrait fixer le maximum de l’endettement des emprunteurs immobiliers à 70 % de la valeur marchande de la maison en payant la différence aux créanciers. Ceci constituerait une aide supplémentaire aux banques. C’est cette mesure de limitation de la capacité d’endettement des ménages qui protège actuellement le Canada de la crise des subprimes qui secoue son grand voisin.
La récurrence des crises peut trouver une solution stratégique en Afrique, grand continent qui pourrait absorber les surplus des fonds spéculatifs largement responsables de l’inflation comme cela a été constaté récemment dans l’augmentation rapide des prix du pétrole et des produits agricoles qui a entraîné une inflation générale transmise vers les pays du Sud. Riche en ressources naturelles et en ressources humaines, l’Afrique pourrait se développer suivant le modèle des Etats-Unis du XIXe siècle. Elle pourrait s’ouvrir aux capitaux privés et aux scientifiques, mais cela suppose que nous ayons le contrôle des leviers économiques à l’intérieur d’une organisation continentale sous la forme d’Etats unis d’Afrique.
L’Afrique devrait se préparer dès maintenant au rôle imminent qu’elle est appelée à jouer, celui d’être la dernière frontière du développement du monde. C’est le bouquet que j’offre au président Barack Obama . Comme n’importe quel bouquet, il peut y avoir une épine. Si tel est le cas, on l’enlève et le bouquet restera aussi beau.
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