Vendre des "pastissets", ces petites pâtisseries espagnoles à l’anis, ne suffit pas à sortir Rasquera de la crise. Alors, pour faire face à la dette de 1,3 million d’euros et à l'important taux de chômage qui étranglent cette petite commune catalane située à 140 km au sud de Barcelone, la municipalité envisage d'y louer des terres pour y cultiver…du cannabis. Et ce en toute légalité.
Bien qu'inédite, cette mesure a été approuvée le 29 février par le conseil municipal dans le cadre de son "plan d'action municipal anti-crise 2012". Mais face à la polémique qu'elle soulève, son adoption a été soumise à un référendum local. Les quelque 804 habitants de Rasquera étaient invités à répondre, mardi 10 avril, à la question suivante : "Êtes-vous d’accord avec le plan anti-crise approuvé par la municipalité en séance plénière le 29 février ?"
Avec 57 % de voix favorables, le projet est en suspens. Bernat Pellisa, le maire, avait en effet fixé à 75 % le seuil nécessaire à la mise en route du programme. Toutefois, le score obtenu constitue pour l'élu "un résultat magnifique" qui l'oblige à prendre une décision. "Les gens ont désormais une opportunité de sortir de la crise", a-t-il ajouté.
Du cannabis pourrait donc être plantés dès cet été sur ces terres de Taragone, plus traditionnellement consacrées aux oliviers, aux vignes et aux troupeaux de chèvres.
Une "occasion à saisir" pour absorber la dette
C’est l’Association barcelonaise de consommation privée du cannabis (ABCDA ) qui, en 2011, a proposé à la municipalité de Rasquera une telle mise en culture. À l'époque, l’organisation, qui prône un usage "ludique et thérapeutique" de la consommation de cannabis, cherche des terres cultivables pour pourvoir à la consommation de ses 5 000 membres - une solution qui limiterait, selon elle, le marché noir et la criminalité liés au trafic de drogue.
Affilié au parti indépendantiste de gauche catalan ERC, le maire du village voit alors dans le projet une "occasion à saisir" pour sortir le village du marasme et créer des emplois. La location des terres destinées au chanvre indien devrait, en effet, être dix fois supérieure à celle des terres dévolues à l'agriculture traditionnelle, selon lui.
Si la mesure voit le jour, ABCDA versera 36 000 euros lors de la signature de l'accord avec la municipalité de Rasquera et s’engagera à payer 550 000 euros par an à partir de juillet 2012 pour la location des terrains, les frais administratifs et juridiques et la sécurisation du site. Une somme qui devrait permettre à la commune d’éponger ses dettes en deux ans.
Deux entreprises publiques locales, qui serviront d’intermédiaires entre les propriétaires fonciers et l’ABCDA, seront alors créées. Un conseil de sécurité, composé de pompiers et de fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, sera aussi chargé de vérifier le respect des normes environnementales et juridiques. Quarante emplois devraient ainsi être créés dans un premier temps. Un pôle de recherche universitaire sur le cannabis pourrait même voir le jour à Rasquera.
En aucun cas il ne s’agit de "faire l’apologie du cannabis ou de donner carte blanche aux consommateurs", assurait toutefois Bernat Pellisa le 29 février à l’issue du conseil municipal.
Une solution pour éviter le trafic de drogue ?
Reste que l’opposition municipale, elle, n’entend pas les choses de cette oreille. Bernard Farnos, porte-parole du CIU, une fédération de partis catalans de centre-droit, confiait mardi au site d'informations espagnol ABC.es : "Nous espérons que les gens iront voter et qu’ils démontreront ainsi que ce projet est irresponsable".
La police espagnole est également sur ses gardes. La proposition d’ABCDA joue, en effet, sur l’ambiguïté du code pénal espagnol qui autorise la consommation et la culture privées de cannabis, mais interdit sa commercialisation sous toutes ses formes.
ABCDA assure de son côté que la production réalisée à Rasquera ne sera destinée qu’à la consommation de ses membres qui contribueront au financement du projet. Problème : la police a interpellé une responsable de l'association pour trafic de drogue, après la découverte d’1,3 kilo de cannabis au siège de l’organisation, à Barcelone, pour une valeur de 5 400 euros. La police régionale de Catalogne a précisé qu’une enquête avait été ouverte en 2011 contre la structure parce qu'elle était soupçonnée de vendre du cannabis dans ses locaux.
L’affaire en cours n'a pas freiné l’enthousiasme des habitants de Rasquera. Si le projet est mis en route, la bourgade deviendra le plus grand producteur légal de cannabis en Europe.
Source :France 24
Bien qu'inédite, cette mesure a été approuvée le 29 février par le conseil municipal dans le cadre de son "plan d'action municipal anti-crise 2012". Mais face à la polémique qu'elle soulève, son adoption a été soumise à un référendum local. Les quelque 804 habitants de Rasquera étaient invités à répondre, mardi 10 avril, à la question suivante : "Êtes-vous d’accord avec le plan anti-crise approuvé par la municipalité en séance plénière le 29 février ?"
Avec 57 % de voix favorables, le projet est en suspens. Bernat Pellisa, le maire, avait en effet fixé à 75 % le seuil nécessaire à la mise en route du programme. Toutefois, le score obtenu constitue pour l'élu "un résultat magnifique" qui l'oblige à prendre une décision. "Les gens ont désormais une opportunité de sortir de la crise", a-t-il ajouté.
Du cannabis pourrait donc être plantés dès cet été sur ces terres de Taragone, plus traditionnellement consacrées aux oliviers, aux vignes et aux troupeaux de chèvres.
Une "occasion à saisir" pour absorber la dette
C’est l’Association barcelonaise de consommation privée du cannabis (ABCDA ) qui, en 2011, a proposé à la municipalité de Rasquera une telle mise en culture. À l'époque, l’organisation, qui prône un usage "ludique et thérapeutique" de la consommation de cannabis, cherche des terres cultivables pour pourvoir à la consommation de ses 5 000 membres - une solution qui limiterait, selon elle, le marché noir et la criminalité liés au trafic de drogue.
Affilié au parti indépendantiste de gauche catalan ERC, le maire du village voit alors dans le projet une "occasion à saisir" pour sortir le village du marasme et créer des emplois. La location des terres destinées au chanvre indien devrait, en effet, être dix fois supérieure à celle des terres dévolues à l'agriculture traditionnelle, selon lui.
Si la mesure voit le jour, ABCDA versera 36 000 euros lors de la signature de l'accord avec la municipalité de Rasquera et s’engagera à payer 550 000 euros par an à partir de juillet 2012 pour la location des terrains, les frais administratifs et juridiques et la sécurisation du site. Une somme qui devrait permettre à la commune d’éponger ses dettes en deux ans.
Deux entreprises publiques locales, qui serviront d’intermédiaires entre les propriétaires fonciers et l’ABCDA, seront alors créées. Un conseil de sécurité, composé de pompiers et de fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, sera aussi chargé de vérifier le respect des normes environnementales et juridiques. Quarante emplois devraient ainsi être créés dans un premier temps. Un pôle de recherche universitaire sur le cannabis pourrait même voir le jour à Rasquera.
En aucun cas il ne s’agit de "faire l’apologie du cannabis ou de donner carte blanche aux consommateurs", assurait toutefois Bernat Pellisa le 29 février à l’issue du conseil municipal.
Une solution pour éviter le trafic de drogue ?
Reste que l’opposition municipale, elle, n’entend pas les choses de cette oreille. Bernard Farnos, porte-parole du CIU, une fédération de partis catalans de centre-droit, confiait mardi au site d'informations espagnol ABC.es : "Nous espérons que les gens iront voter et qu’ils démontreront ainsi que ce projet est irresponsable".
La police espagnole est également sur ses gardes. La proposition d’ABCDA joue, en effet, sur l’ambiguïté du code pénal espagnol qui autorise la consommation et la culture privées de cannabis, mais interdit sa commercialisation sous toutes ses formes.
ABCDA assure de son côté que la production réalisée à Rasquera ne sera destinée qu’à la consommation de ses membres qui contribueront au financement du projet. Problème : la police a interpellé une responsable de l'association pour trafic de drogue, après la découverte d’1,3 kilo de cannabis au siège de l’organisation, à Barcelone, pour une valeur de 5 400 euros. La police régionale de Catalogne a précisé qu’une enquête avait été ouverte en 2011 contre la structure parce qu'elle était soupçonnée de vendre du cannabis dans ses locaux.
L’affaire en cours n'a pas freiné l’enthousiasme des habitants de Rasquera. Si le projet est mis en route, la bourgade deviendra le plus grand producteur légal de cannabis en Europe.
Source :France 24
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