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Chronique
Le régime libéral a fêté ce vendredi 19 mars les 10 ans de l’alternance politique intervenue en 2000. Des festivités et réjouissances ont marqué cet événement historique. Mais quoi fêter, en fait ? Si le 19 mars est une date à marquer d’une pierre blanche dans les annales de l’histoire du Sénégal, il n’en demeure pas moins que le bilan qui en découlé reste peu flatteur à bien des égards. Dix années après la survenue de l’alternance, les clignotants sont pour la plupart au rouge ou à l’orange, à tout le moins. Ce qui justifie par conséquent difficilement le fait de pavoiser. Un petit round up des domaines de compétences peut montrer ce que nous avançons.
Pour la campagne présidentielle de 2000, le candidat Abdoulaye Wade demandait aux jeunes sans emploi de lever la main pour mesurer l’ampleur du chômage au Sénégal. Aujourd’hui, le fléau reste encore très endémique. La goutte d’eau des quelques milliers d’emplois dans la Fonction publique est noyée par la mer du sous-emploi atténué par la débrouillardise du secteur informel et les efforts du secteur privé. Le phénomène Barça ou Barsakh est un indicateur plus éloquent et sincère que les chiffres brandis ça et là. Les diplômés chôment, à plus forte raison les non-diplômés et non qualifiés.
Dans le domaine de l’éducation, les grèves sont récurrentes du fait d’un déficit de moyens humains, matériels et financiers malgré les 40 du budget proclamés. Les résultats qui en découlent ne surprennent personne. L’école et l’université publiques sont de plus en plus désertées parce que représentant pour beaucoup une fabrique de chômeurs et de rebuts sociaux. Sur le plan de la santé, le constat est encore plus amer. Nos hôpitaux dispensent des soins chers et à la qualité moindre en raison d’un déficit du plateau technique et des ressources humaines. Par la force des choses, ils en deviennent des mouroirs pour les pauvres qui ne peuvent accéder aux cliniques. La pauvreté prend aussi des proportions inquiétantes nonobstant le déluge de milliards qui se déverse sur le Sénégal ; les ménages éprouvent d’innombrables difficultés pour se nourrir, se vêtir- la friperie a de beaux jours devant elle-, se déplacer…Le coût de la vie est devenu exorbitant. L’expansion de la mendicité apparente ou cachée est un signe palpable de l’étendue du mal. La fracture sociale et économique est plus que béante. Les questions de liberté d’expression, de justice, de transparence sont en recul devant les entraves, l’impunité, les scandales et la corruption. Point n’est besoin de s’attarder sur le bilan à ce niveau. Il serait fastidieux. Il est vrai que des efforts sont faits ça et là notamment en matière d’infrastructures, de salaires dans la fonction publique mais leur caractère concentré au détriment de la majorité limite leur impact. Bref, l’heure n’est donc pas à la fête mais au travail, aux ruptures salutaires pour repousser les assauts de la politique politicienne qui sont aux antipodes de la juste gouvernance. Les dernières élections locales constituent un coup de semonce par rapport à toutes ces pratiques néfastes. Que ceux-là qui aspirent à conserver le pouvoir et les autres qui rêvent de le reprendre ou d’y accéder se le tiennent pour dit ! Faites du changement en lieu et place de la fête du Sopi. Abdoulaye SYLLA Syllaye@gmail.com
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Amadou et Mariam, chanteurs maliens
Le monde vient de fêter, comme à l’accoutumée, ce 8 mars la Journée Internationale de la Femme. Une bonne occasion de rappeler le gap qui reste encore dans l’octroi plein et entier de tous leurs droits aux femmes. Un rapide état des lieux aux plans politique, économique, social et culturel montre qu’il y a encore du chemin à faire pour un monde plus équitable dans ses composantes sexuelles. Les femmes sont trop souvent très peu représentées dans les instances de conduite des affaires publiques et brimées au sein des ménages. Un manque à gagner énorme pour nos sociétés !
Il faut donc converger vers plus d’équité entre les sexes. Que la discrimination ne puisse pas s’opérer sur la base unique du sexe mais sur la compétence, le mérite et les aptitudes objectives. Voilà le critérium, le seul valable et acceptable, dans une société qui aspire à une citoyenneté intégrale. Cependant l’équité n’est pas l’uniformité, la confusion et l’indifférence. La femme n’est pas l’homme. Nous voyons d’ici des esprits adeptes de l’amalgame se hérisser le poil. Explications. La femme et l’homme sont comme deux unités d’une paire de chaussure. Elles ne sont utiles qu’ensemble. L’une ne peut pas aller sans l’autre. L’homme n’est pas supérieur à la femme, la femme n’est pas meilleure à l’homme. Ils ont un destin lié et sont par conséquent des partenaires essentiels. A titre d’exemple, la procréation, signe de la vie, viendra toujours et nécessairement d’un spermatozoïde (homme) fécondant un ovule (femme) quelles que soient les avancées scientifiques et techniques. Vouloir les opposer relève d’une entreprise insensée. Chacun a un rôle ontologique (inné) mais aussi social et culturel (acquis). Ceux-là qui prétendent que l’homme et la femme sont identiques n’ont rien compris ou ne trompent qu’eux-mêmes. Ils sont égaux mais jouent souvent des rôles différents et complémentaires. Quand on entend généralement le discours dit féministe, on a tendance à croire que l’homme est l’ennemi de la femme ou à tout le moins un adversaire qu’il faut abattre. Erreur de jugement ! C’est un partenaire qu’il faut à tout prix essayer de faire adhérer à ce combat pour sa réussite. Ce qu’une personne peut effectuer, deux doivent mieux le faire. Tout est question d’une bonne répartition des tâches découlant d’une organisation intelligente. Cela nous fait dire que le combat pour l’équité doit trier ses priorités et axes d’intervention pour plus d’efficacité. Tout ne changera pas du jour au lendemain. C‘est un processus de longue haleine pour arriver à corriger les disparités subjectives. L’éducation, la formation, l’information, la communication, l’engagement et la volonté sont des outils utiles pour atteindre ces objectifs d’épanouissement dans l’espace public. Au sein des couples également, ce partage de responsabilités est plus que nécessaire. L’ère du mari dictateur et de la femme objet est révolu pour céder la place au ménage de concertation entre les époux avant décision pour que celle-ci soit partagée, soutenue par toute la famille pour avoir le maximum de chances de succès. Tout le monde y gagne.
La sortie du Chef de l’Etat, le week-end dernier, à la « Tribune » de Canal Info, Océan Fm et la Sentinelle a mobilisé les médias sur nombre d’aspects politiques, économiques et sociaux. Le dialogue politique, la friperie, la banque verte…La presse en a abondamment fait ses choux gras. Mais une information de taille est, nous semble-t, passée entre les mailles de la veille médiatique : la candidature de Wade qui pourrait être invalidée en 2012 par le Conseil constitutionnel, juge des élections. Cette nouvelle émane du constitutionnaliste Ismaïlia Madior Fall, invité dimanche dernier à l’émission Remue ménage de la Rfm en compagnie du journaliste Adama Gaye. Voici l’exposé des motifs.
En bon technicien du droit, le professeur d’université cite d’abord l’article 27 de la Constitution qui dispose : « La durée du mandat du Président de la République est de sept ans (cinq avant la modification). Le mandat est renouvelable une seule fois ». Par conséquent il ne peut faire plus de deux mandats. Mais cette limitation est intervenue dans la constitution de 2001 après l’élection de 2000. Elle ne serait donc pas applicable au chef de l’Etat en raison de la non rétroactivité des lois qui légifèrent en principe pour l’avenir. Seulement, cette même constitution du 22 janvier 2001 précise de manière expresse que toutes les dispositions de ladite constitution s’appliquent au chef de l’Etat sauf la durée du mandat qui a été ramené de sept à cinq ans. « Le Président de la République en fonction poursuit son mandat jusqu’à son terme. Toutes les autres dispositions de la présente Constitution lui sont applicables », dit la charte fondamentale en son article 104 dans les dispositions transitoires. Ainsi cette lecture possible rendrait impossible la candidature annoncée de Me Abdoulaye Wade pour l’élection présidentielle à venir ! Mais ces deux interprétations devront passer au crible de l’arbitrage du Conseil constitutionnel dont le mandat de la présidente arrive bientôt à expiration. Saisi, au moment du dépôt des candidatures, de cette irrecevabilité alléguée , il lui incombera et à lui seul la responsabilité de donner une décision tranchée, la bonne interprétation. Et il ne pourrait, pensons-nous, que dire oui ou non et nullement invoquer une quelconque incompétence. Cela nous amène à nous poser la question de savoir si le Président Abdoulaye Wade, juriste, fin tacticien et manœuvrier politique qu’il est, n’a pas déjà sous la manche une solution de rechange pour parer à cette éventualité. Soit réviser la Constitution, ce ne serait pas une première, pour le rendre moins équivoque , soit préparer un autre candidat. Ce qui repose le débat sur sa succession. Du haut de la « Tribune », l’homme fort de Dakar, 84 ans, a affirmé n’avoir pas encore pensé à léguer le pouvoir à son fils comme on l’en accuse. Le cas échéant, il aviserait. Ce qui peut accréditer donc la probabilité ou à tout le moins l’éventualité qu’il ne se représente pas. Le socialiste en chef Ousmane Tanor Dieng disait récemment que la candidature de Wade était une diversion, au profit de qui ? Karim Wade, l’ « expert financier de génie » ou le « jardinier des rêves » Idrissa Seck ? La réponse se précisera au fil du temps qui nous sépare de 2012. Le poste de vice-président en veilleuse, rallumé, pourrait éclairer davantage notre lanterne les plans du « maître du jeu » masqués par les contours flous du fameux dialogue politique. Ce serpent de mer fiévreusement relancé par la médiation de Tivaouane et surtout la lettre incendiaire du président du Sénat. Pape Diop en réaction à l’interpellation de Benno Siggil Sénégal qui lui demandait de faire constater, en tant qu’intérimaire du président de la République, l’incapacité de Me Wade à diriger le pays a taillé des croupières aux leaders de l’opposition. Ce qui démontre une fois de plus que la bataille pour le fauteil présidentiel sera rude. Tous les coups seront permis au grand dam du pauvre citoyen. Abdoulaye SYLLA syllaye@gmail.com
Je suivais, le week-end dernier, la relation du journaliste Moussa Kaka de RFI pour la chaîne France 24. Bien évidemment, c’était à propos de la situation nigérienne née du coup d’Etat contre le Président Mamadou Tandja. Je me disais que le correspondant de presse dissimulait mal sa joie de voir son « bourreau » tomber comme un fruit mûr du pouvoir. Il n’est pas besoin de revenir outre mesure sur les misères qu’il a dû subir pendant plusieurs mois dans les geôles de l’autocrate Tandja pour avoir simplement interviewé des rebelles nigériens.
Le coup d’Etat intervenu à Niamey jeudi dernier est un coup d’Etat qui met à l’aise bon nombre de gens. C’est comme un dénouement heureux surtout qu’il n’a pas entraîné mort d’homme. C’est un bon, un sage coup d’Etat. Un putsch moral. Il a du mal même à porter son nom pour avoir été le résultat d’un entêtement d’Etat. L’ex-homme fort de Niamey en était arrivé à vouloir se substituer au peuple nigérien en s’auto accordant par un pseudo référendum trois ans de prolongation sur son mandat constitutionnellement fini. Voilà le prix de la surdité et de l’autisme politiques. Tandja croyait en son invincibilité s’appuyant certainement sur la très pertinente pensée de l’ancien président français. « Le meilleur même des gouvernements démocratiques cède toujours devant la résolution d’un seul homme ». Charles De Gaulle. Mais nous ajoutons que la vérité triomphera toujours de la force surtout quand elle fait preuve d’abus. Chapeau bas à l’armée nigérienne qui a maintenant le choix d’entrer dans l’histoire par la grande porte à l’image par exemple d’Amadou Toumani Touré du Mali qui avait opéré un coup d’Etat en 1991 avant de céder le pouvoir faisant de son pays une grande démocratie qu’il dirige de nouveau. Ou bien d’en sortir en imitant Moussa Dadis Camara qui, après avoir suscité un énorme espoir, a déçu en voulant s’accrocher aux sirènes du pouvoir. Au président provisoire du Niger Salou Djibo et au « Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie » -le bien nommé- de choisir en toute connaissance de cause. L’Etat du Sénégal a aussi frappé un grand coup en décidant avec la France du retrait de la base militaire française. Nous ne pensions pas si bien dire lors de notre dernière chronique-Faut-il renoncer aux indépendances ?- sur la nébulosité des accords de défense. Nous écrivions. « Les forces françaises continuent encore d’assurer la « sécurité » de pays africains (Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad, Djibouti, Gabon…). Cette coopération armée passe par le truchement de nébuleux accords de défense, sans cesse remis en cause. Le séjour prolongé de ces bases militaires renvoie des pays qui les accueillent, l’image d’Etats qui refusent de s’affranchir. La collaboration en matière de défense, c’est bien mais elle n’explique pas la tutelle permanente qui peut déresponsabiliser le bénéficiaire ». Si le Sénégal remet en cause, même partiellement, cette omnipotence, nous ne pouvons qu’applaudir des deux mains. Mais attention cela ne doit pas être mû par des considérations foncières, affairistes ou simplement orgueilleuses. Un coup d’éclat ! La fierté nationale, c’est bien mais la souveraineté réelle, c’est encore mieux. L’indépendance se vérifie sur plusieurs terrains. Economique, politique, scientifique, technologique, sanitaire et même linguistique. Et à ce niveau nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge française. C’est une bataille de longue haleine qui nécessite des énergies extra ordinaires. L’unité nationale voire sous-régionale et africaine est une de ces conditions pour assurer notre autonomie et aspirer au développement. Par conséquent, les guerres d’indépendance que nous observons au sein de nos micro-Etats démontrent toute leur impertinence et incohérence. C’est le cas en Casamance où un utopique conflit tente depuis 28 ans d’imposer la séparation avec le reste du Sénégal. Le coût de cette guerre est énorme et ne nous apporte que des ennuis. A un moment, il faut savoir s’arrêter et constater son échec et se rendre à l’évidence. La Casamance est une composante à part entière de la Nation et non une entité à part. Pour la sécurité de cette région septentrionale, il faudra user de l’argument de la force contre les bandits armés et utiliser la force de l’argument pour ceux qui sont raisonnables mais simplement frustrés. La solution de fond sera ensuite économique et sociale avec un encadrement politique. Il faut prouver à la région du Sud toute la place et l’importance qu’elle occupe dans le giron national. Cela nous permettra d’éloigner le leurre de l’indépendance pour nous rapprocher du bonheur et de la lueur du développement intégral. Que dire de plus sur la sortie à Touba du ministre de l’intérieur BécayeDiop ? Pas grand’chose ! Sauf qu’il faut marteler que le bon homme est coutumier de faits dérangeants. Trois exemples peuvent être cités sur ses dérapages langagiers et symboliques. Ne dit-on pas qu’il faut tourner sa langue sept fois dans la bouche avant de parler.
Il a eu à dire, étant ministre des Forces armées qu’il ferait investir par ses services le quartier où un des habitants oserait s’en prendre à un militaire ou une gendarme ! Passe. La récidive n’a pas tardé. Aux jeunes manifestants de Sédhiou, localité à laquelle il se dit lié, il les menacera en ces termes : « si ce n’était pas à Sédhiou, j’aurais demandé aux forces de l’ordre d’ouvrir le feu » ! Fermez le ban ! Pas si vite. La meilleure était réservée à Touba, inopportunément comparé aux autres fiefs religieux.
A quoi bon procéder à une hiérarchie des allégeances confrériques ? Qui plus est pour un ministre de l’intérieur, « ministre du culte » au Sénégal. La capitale du mouridisme n’avait assurément pas besoin d’une telle incongruité qui l’a mise mal à l’aise devant ses hôtes des autres particularités confessionnelles (tidianes, layènes, khadres, chrétiens…). Il n’est pas interdit, y compris à un ministre ou président de la République, d’avoir ses convictions, mais il lui incombe d’en faire un usage respectueux des autres adhésions religieuses. Une autorité incarne l’unité nationale et collective sans distinction des appartenances particulières.Nos gouvernants ont besoin à cet effet d’un programme de mise à niveau citoyen. Bécaye Diop est sans doute un cas atypique dans ce dérèglement au sommet mais son comportement n’est pas du tout isolé. La « mouridité » affichée,très active et « décomplexée » du Chef de l’Etat explique quelque part cette propension des membres du régime libéral à faire dans la surenchère de l’allégeance. Quelqu’un oserait-il afficher la même hardiesse chez les autres communautés religieuses ? La crainte d’indisposer le grand chef l’en dissuaderait certainement. Tout ce qui est excessif ne compte pas, disait Talleyrand. Cependant ce culte de l’excès laisse apparaître des motivations bassement politiciennes et électoralistes. Il faut entrer coûte que coûte dans les bonnes grâces des « porteurs de voix » et autres « grands électeurs ». Tel semble être le leitmotiv. Les guides religieux doivent le comprendre ainsi pour ne pas tomber dans le piège du jeu politique où les préoccupations du petit peuple sont reléguées à l’arrière-plan. |
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